Résumé de la 79e partie Badroulboudour raconta à son père tout ce qui s?était passé après son enlèvement. Elle fut relayée par Aladdin qui, son récit terminé, proposa au sultan de monter au salon voir le magicien africain. Pour s'assurer entièrement de la vérité, le sultan se leva et monta ; et, quand il eut vu le magicien africain mort, le visage déjà livide par la violence du poison, il embrassa Aladdin avec beaucoup de tendresse, en lui disant : «Mon fils, ne me sachez pas mauvais gré du procédé dont j'ai usé contre vous ; l'amour paternel m'y a forcé, et je mérite que vous me pardonniez l?excès où je me suis porté. ? Sire, reprit Aladdin, je n'ai pas le moindre sujet de plainte contre la conduite de Votre Majesté, elle n'a fait que ce qu'elle devait faire. Ce magicien, cet infâme, ce dernier des hommes, est la cause unique de ma disgrâce. Quand Votre Majesté en aura le loisir, je lui ferai le récit d'une autre malice qu'il m'a faite, non moins noire que celle-ci, dont j'ai été préservé par une grâce de Dieu toute particulière. ? Je prendrai ce loisir exprès, repartit le sultan, et bientôt. Mais songeons à nous réjouir, et faites ôter cet objet odieux.» Aladdin fit enlever le cadavre du magicien africain, avec ordre de le jeter à la voirie pour servir de pâture aux animaux et aux oiseaux. le sultan cependant, après avoir commandé que les tambours, les timbales, les trompettes et les autres instruments annonçassent la joie publique, fit proclamer une fête de dix jours en réjouissance du retour de la princesse Badroulboudour et d'Aladdin avec son palais. C'est ainsi qu'Aladdin échappa pour la seconde fois au danger presque inévitable de perdre la vie ; mais ce ne fut pas le dernier, il en courut un troisième dont nous allons rapporter les cIrconstances. Le magicien africain avait un frère cadet qui n'était pas moins habile que lui dans l'art magique ; on peut même dire qu'il le surpassait en méchanceté et en artifices pernicieux. Comme ils ne demeuraient pas toujours ensemble ou dans la même ville et que souvent l'un se trouvait au levant pendant que l'autre était au couchant, chacun de son côté, ils ne manquaient pas, chaque année, de s'instruire, par la géomance, en quelle partie du monde ils étaient, en quel état ils se trouvaient et s'ils n'avaient pas besoin du secours l'un de l'autre. Quelque temps après que le magicien africain eut succombé dans son entreprise contre le bonheur d'Aladdin, son cadet, qui n'avait pas eu de ses nouvelles depuis un an et qui n'était pas en Afrique, mais dans un pays très éloigné, voulut savoir en quel endroit de la terre il était, comment il se portait et ce qu'il y faisait. En quelque lieu qu'il allât, il portait toujours avec lui son carré géomantique aussi bien que son frère. Il prend ce carré, il accommode le sable, il jette les points, il en tire les figures, et enfin il forme l'horoscope. En parcourant chaque maison, il trouve que son frère n'était plus au monde ; dans une autre maison, qu'il avait été empoisonné et qu'il était mort subitement ; et dans une autre, que c'était dans une capitale de la Chine située en tel endroit ; et enfin, que celui par qui il avait été empoisonné était un homme de basse naissance, qui avait épousé une princesse fille d'un sultan. (à suivre...)