Ruines «Les agents du CTC n?ont pas voulu entrer. Ils ont refusé de s?attarder sur les lieux de peur que la bâtisse ne s?écroule au-dessus de leur tête.» Ce sont-là les propos de la famille Daoudi, locataire d?un étage au n°10 rue 7 Châteaux-Rouges, dans la commune des Eucalyptus. Deux frères mariés ainsi que leur petite famille se partagent l?étage. La maison est occupée par six familles. Elle a été classée par les services du Contrôle technique de construction «rouge 5», quelques jours après le séisme du 21 mai 2003. Sur la copie du rapport, on peut lire : «Construction en état de vétusté très avancé» et plus loin, dans la case des mesures immédiates à prendre : «A évacuer» et «présente un danger pour les occupants». Déjà, de l?extérieur, la bâtisse présente un état de vétusté avancé, au point que l?on imagine mal que des gens y vivent. Une fois le portail franchi, c?est pire encore, car les impacts du séisme sont plus apparents : des murs lézardés, des fissures importantes visibles à l??il nu au niveau des piliers, ainsi que le toit rafistolé tant bien que mal, témoignent de l?écroulement d?une partie du toit. Notre hôte, l?une des maîtresses des lieux, affirme que sa belle-famille était locataire avant 1966 chez le même propriétaire. Les membres de cette famille ne comprennent pas pourquoi on ne les a pas évacués : «On ne nous a ni donné de chalet ni transférés dans un centre de transit.» D?autant, disent-ils, qu?ils ne peuvent effectuer de travaux car «si nous touchons aux murs, ils s?écrouleront». Au rez-de-chaussée, la famille Laleg habite dans les mêmes conditions que ses voisins du dessus. Ils sont 27 membres de quatre familles ainsi que leur grand-mère âgée de 80 ans et qui souhaite emménager ailleurs le plus vite possible car «lorsqu?il y a le tonnerre, tout bouge», a-t-elle certifié. Sa petite-fille affirme que même lorsque les camions «passent dans le quartier, la maison vibre. Elle s?écroulera un jour sur nos têtes». La famille Laleg paie 200 DA/mois la pièce, sans contrat. «Depuis une année, nous ne payons plus de loyer, vu l?état du logement», a affirmé cette famille qui déplore le fait d?avoir introduit au moins 7 demandes de logement social, sans aucun résultat. Leurs voisins, la famille Labdouni, deux frères qui résident actuellement dans ce logement, natifs de ce même lieu, sont 12 membres. L?un des frères affirme : «La gendarmerie est venue, accompagnée du président de l?APC. Ils ont visité nos logements, mais aucune suite n?a été donnée à nos doléances.» Cette famille paie 300 DA/mois la pièce, sans contrat non plus. La demeure qui sert de toit à cette famille n?est pas différente de celles de leurs voisins, sauf que personne n?habite au-dessus ni au-dessous. Le rapport du CTC est le même : «A évacuer, présente un danger pour les occupants.» Plus loin, au numéro 10, trois autres familles, locataires chez une autre particulière, vivent dans les mêmes conditions.