Personnalité Ammi Omar est le gérant d?un restaurant à Boumerdès. A 50 ans, cet homme, natif de Tizi Ouzou et ex-émigré, est encore passionné de gastronomie et de mets traditionnels. Chez lui, qualité et accueil sont garantis. Son restaurant est bien entretenu. Tables en bois, nappes blanches et pièces propres. Apaisantes, la couleur blanche et la bleue s?entremêlent et apaisent les esprits. Ammi Omar porte toujours sur la tête une toque d?où paraissent quelques cheveux gris. Protégeant son corps bien en chair, un tablier blanc qu?il porte quotidiennement. Il est méticuleux et respectueux des règles de la profession. Tout est important pour lui. Il impose la même tenue à ses ouvriers. Sourire accroché aux lèvres, accueil chaleureux et mots choisis. Telle est sa devise. «Aujourd?hui, les gens ne savent pas manger, ils n?ont aucun goût. Ils se sont habitués à la cuisine de l?urgence : frites, pizzas, viandes ?», confie-t-il sur un ton triste. «Je propose des plats variés, spaghettis, nouilles? Mais, ils préfèrent souvent se rabattre sur les fritures. Ce n?est pas normal !» Lui, c?est un cuisinier qualifié, il a été formé en France. D?ailleurs, c?est apparent dans les mets qu?il prépare soigneusement. Ils sont variés et délicieux. Un régal. De la bonne sauce grand-mère, des pâtes savoureuses garnies de légumes, comme préparées maison; des carottes et des tomates, du persil? agrémentent ses nombreux plats. Pour la saison estivale, ce sont des plats spéciaux qu'il prépare. «J?ai appris la cuisine en France. C?est tout un art, une passion aussi. Les restaurateurs d?aujourd?hui ne sont même pas formés. Cette activité n?a plus la signification d?antan, elle est devenue source de gain facile. Ceux qui veulent se faire de l?argent s?y investissent. Ils embauchent de jeunes formés, parfois, sans qualification aucune et ces derniers deviennent cuisiniers. Il est donc tout à fait normal qu?il n?y ait plus de création ni un service de qualité», dit-il en ajoutant que les jeunes, de nos jours, aiment la facilité et ne veulent fournir aucun effort pour réussir. «J?ai embauché un jeunot comme serveur et lui ai proposé 10 000 DA, sans compter la prise en charge de son hébergement et sa nourriture. Imaginez un peu : il a refusé sous prétexte que le salaire proposé ne lui suffisait pas. Il a préféré chômer plutôt que de travailler ! Quelle jeunesse !», lance-t-il. Bien qu?il ne dispose pas d?une machine à café, Ammi Omar envoie ses serveurs chercher du café à ses clients. «Le client est roi, il faut le traiter de la sorte, le servir et le respecter. C?est indispensable.»