Résumé de la 1re partie L?attente du vol à destination de San Francisco se prolonge. José décide alors de se dégourdir les jambes, histoire de passer le temps. Il traîne dans les couloirs et devant les boutiques de l?aéroport. Il fait la connaissance d?un balayeur noir avec lequel il fait la causette? Une voix doucereuse annonce, quelque part dans un haut-parleur, que le vol de San Francisco est annoncé dans un quart d?heure. José soupire. «J?en ai marre d?attendre, tu sais. Et puis, j?ai pas envie d?aller à San Francisco. Pour ce que je vais y faire. Mon père va jouer au golf et moi, j?attendrai de repartir.» Le balayeur sourit. «Eh bien moi, si j?allais à Frisco, j?irais voir les copains, et mes frères, et puis ma s?ur. Je l?ai pas vue depuis dix ans au moins ! ? Tu ferais la foire ? ? Ah ! ça, oui, fiston, je ferais la foire, ça oui ! ? Comment on fait la foire ?» Le vieux balayeur ne saurait expliquer ça. La foire, c'est la foire ! Comment dire ? «Eh ben, on est heureux, c'est tout, on rigole et on est content de rigoler, alors on continue de rigoler !» Cette profession de foi fait réfléchir José. Rigoler. Etre content de rigoler, faire la foire. Voilà une chose qui lui ferait plaisir. «Comment tu t'appelles, balayeur ? ? Bud, fiston. ? Ça te dirait, Bud, de faire la foire avec moi à San Francisco ?» Le vieux Noir éclate d'un rire heureux. Il aimerait ça, c'est sûr, mais ce n'est pas possible. Alors, José regarde autour de lui, au loin il aperçoit la nurse qui dort dans un fauteuil. «Ecoute, tu vas m'attendre ici, hein ? Tu bouges pas. T?as une valise ? ? Non. ? Ça fait rien, tu prendras la mienne. Mais il faut que tu changes de costume. T'as un costume ? ? Ben, j'ai mon pantalon, sous la combinaison... ? Très bien. Enlève ta combinaison, faut pas qu'on voie que tu es balayeur, tu comprends... et tu m'attends ici, je reviens tout de suite.» José traverse le hall, et s'approche avec précaution de la nurse assoupie. Sans bruit, il prend la valise, le sac de la nurse et son manteau, et puis, réflexion faite, il prend aussi le bonnet de fourrure sur la banquette. Courbé sous le poids de son butin, il rejoint son nouveau compagnon. «Bon, tu mets le manteau et le chapeau. Faut que tu aies l?air d?une dame. Les billets sont dans le sac. Dépêche-toi, si elle se réveille, c?est fichu, et elle braille si tu savais !» Le balayeur n?hésite pas une seconde. En rigolant, il enfile le manteau de fourrure, le bonnet, suspend son sac à son bras et les voilà partis. A la porte d?embarquement, l?hôtesse ne fait pas attention, et pourtant le blue-jean crasseux qui dépasse du manteau de la nurse et les deux chaussures éculées font du balayeur une silhouette remarquable. Mais la foule des voyageurs se presse et l'hôtesse ne voit que les billets. José a des fourmis dans le dos. Pourvu que l'autre ne se réveille pas, pourvu qu'elle n'entende pas le dernier appel. Les deux fuyards s'engouffrent dans la passerelle d'embarquement et se jettent en hurlant de rire dans les fauteuils de première classe. (à suivre...)