Interrogation Qui a dit que la nature est muette ? Pour se convaincre du contraire, il suffit de faire un tour du côté de la Chiffa. Ici, l'homme se réapproprie ses sens. «Singez la nature, vous vivrez longuement», a écrit un inconnu. Ici, cette Dame déroule, devant le visiteur, le tapis vert pour rendre son passage agréable. Les monts couverts d'une faune riche aux variétés multiples alimentent le regard et les poumons. Dès l'entame de la route qui mène vers la Chiffa, le visiteur s?engouffre dans une dimension écologique, haute en couleurs. La route serpente les collines sur des kilomètres vers Médéa. Sur une distance de 15 km, l'automobiliste est cerné de tous côtés par une nature expansive. Le stress n'a pas droit de cité. La nature l'aspire et l?absorbe. La circulation routière est réglée par le cours de la rivière, maître des lieux. La nature se réapproprie ses droits et impose son rythme. Si le visiteur n'est pas de nature à se laisser prendre dans ses filets, les singes se chargeront de lui soutirer, quand même, un sourire. Tout au long du chemin, des poches de stationnement se sont spontanément aménagées. Pour les adultes trop blasés par la vie, la nature se chargera de les remettre en l'état à travers leurs enfants. «Oh, un singe», lance un gamin plein d'émerveillement. Le père joue le jeu, en retrouvant, l'espace d'un moment, son naturel, sa capacité d'émerveillement perdue dans les labyrinthes de l'existence. Les gorges de la Chiffa communiquent ce sentiment de béatitude aux visiteurs leur donnant l?envie de saisir cet instant magique. Ici, chacun veut guérir de ses propres tourments, la nature offre cette chance. Lever les yeux vers les hauteurs, c'est comprendre l'insignifiance de l'être. La grandeur est ailleurs. La majesté de l'endroit impose le respect. Les hauteurs déversent verticalement leurs eaux par d'infinies cascades, rejoignant le lit de la rivière horizontale. C'est la géométrie halieutique. C'est le jeu de la nature. Les cascades de la Chiffa sont uniques. Dans leur trajectoire vers le bas, elles disparaissent sous terre, sous la végétation pour réapparaître un peu plus bas et ainsi de suite jusqu'à la rencontre avec la rivière. Celle-ci est envahie par des baigneurs à la recherche de la moindre opportunité de piquer une tête. Les bambins s?en donnent à c?ur joie. L?un d?eux monte sur un rocher et plonge la tête la première. Il émerge de l?eau indemne de cette «prouesse aérienne». Les enfants aiment le risque. La nature leur apprend à le dompter !