Résumé de la 46e partie n Heureux de ce que Sindbad lui permit d?avoir autant d?ivoire qu?il le désirait, le marchand lui rendit sa liberté et promit de l?aider à retourner chez lui. Sindbad continuant le récit de son septième voyage : «Les navires arrivèrent enfin, et mon patron, ayant choisi lui-même celui sur lequel je devais m'embarquer, le chargea d'ivoire à demi pour mon compte. Il n'oublia pas d'y faire mettre aussi des provisions en abondance pour mon passage, et de plus, il m'obligea d'accepter des régals de grand prix et des curiosités du pays. Après que je l'eus remercié autant qu'il me fut possible de tous les bienfaits que j'avais reçus de lui, je m'embarquai. Nous mîmes à la voile et comme l'aventure qui m'avait procuré la liberté était fort extraordinaire, j'en avais toujours l'esprit occupé. Nous nous arrêtâmes dans quelques îles pour y prendre des rafraîchissements. Notre vaisseau étant parti d'un port de terre ferme des Indes, nous y allâmes aborder, et là, pour éviter les dangers de la mer jusqu'à Balsora, je fis débarquer l'ivoire qui m'appartenait, résolu de continuer mon voyage par terre. Je tirai de mon ivoire une grosse somme d'argent ; j'en achetai plusieurs choses rares pour en faire des présents et, quand mon équipage fut prêt, je me joignis à une grosse caravane de marchands. Je demeurai longtemps en chemin et je souffris beaucoup ; mais je souffrais avec patience en faisant réflexion que je n'avais plus à craindre ni les tempêtes, ni les corsaires, ni les serpents, ni tous les autres périls que j'avais courus. Toutes ces fatigues finirent enfin ; j'arrivai heureusement à Bagdad. «J'allai d'abord me présenter au calife et lui rendre compte de mon ambassade. Ce prince me dit que la longueur de mon voyage lui avait causé de l'inquiétude, mais qu'il avait pourtant toujours espéré que Dieu ne m'abandonnerait point. Quand je lui appris l'aventure des éléphants, il en parut fort surpris, et il aurait refusé d'y ajouter foi si ma sincérité ne lui eût pas été connue. Il trouva cette histoire et les autres que je lui racontai si curieuses qu'il chargea un de ses secrétaires de les écrire en caractères d'or pour être conservées dans son trésor. Je me retirai très content de l'honneur et des présents qu'il me fit ; puis je me donnai tout entier à ma famille, à mes parents et à mes amis.» Ce fut ainsi que Sindbad acheva le récit de son septième et dernier voyage ; et s'adressant ensuite à Hindbad : «Eh bien ! mon ami, ajouta-t-il, avez-vous jamais ouï-dire que quelqu'un ait souffert autant que moi ou qu'aucun mortel se soit trouvé dans des embarras si pressants ? N'est-il pas juste qu'après tant de travaux je jouisse d'une vie agréable et tranquille ?» Comme il achevait ces mots, Hindbad s'approcha de lui et dit en lui baisant la main : «Il faut avouer, seigneur, que vous avez essuyé d'effroyables périls. Mes peines ne sont pas comparables aux vôtres : si elles m'affligent dans le temps que je les souffre, je m'en console par le petit profit que j'en tire. Vous méritez non seulement une vie tranquille, vous êtes digne encore de tous les biens que vous possédez puisque vous en faites un si bon usage et que vous êtes si généreux. Continuez donc de vivre dans la joie jusqu'à l'heure de votre mort.» Sindbad lui fit donner encore cent sequins, le reçut au nombre de ses amis, lui dit de quitter sa profession de porteur, de continuer de venir manger chez lui et de se souvenir toute sa vie de Sindbad le Marin.