Pression n Un journaliste égyptien d'opposition arrêté samedi dans des circonstances controversées a été placé en détention provisoire. Les autorités accusent ce journaliste, membre du mouvement d'opposition Kefaya («Ca suffit !» en arabe), d'avoir agressé deux policiers lors d'une manifestation. «Le parquet a ordonné que ce journaliste, Saher Gad, soit placé en détention provisoire pendant quatre jours pour les besoins de l'enquête», écrit le ministère de l'Intérieur dans un communiqué. Kefaya et le syndicat des journalistes avaient accusé, samedi soir, les autorités d'avoir «enlevé» un peu plus tôt M. Gad, journaliste au quotidien indépendant Al-Guil (Génération). Le mouvement Kefaya milite pour des réformes démocratiques et contre la réélection, annoncée comme acquise, du président égyptien Hosni Moubarak, qui briguera un cinquième mandat de six ans lors de la présidentielle prévue pour le 7 septembre. Aidée par des gorilles du parti au pouvoir, la police avait violemment réprimé en mai une de ses manifestations organisée le jour d'un référendum constitutionnel qu'il avait appelé à boycotter. Parallèlement, le chef du parti Wafd (centre), Nouame Gomaa, a déclaré dimanche au Caire qu'il se présentait à l'élection présidentielle du 7 septembre en Egypte pour être élu, et non pour faire de la figuration. «J'espère obtenir 51% des voix et devenir le président de l'Egypte le 8 septembre», a dit M. Gomaa, chef d'un des plus anciens partis égyptiens, en présentant sa candidature à la presse. Après une valse-hésitation, le Wafd a décidé d'entrer en lice pour ce premier scrutin pluraliste et au suffrage universel, alors que les principaux partis d'opposition de gauche et nassérien l'ont refusé. La liste définitive des candidats qui affronteront le président Hosni Moubarak, sera annoncée le 13 août. «Nous sommes le parti des djellabahs bleues, le parti des pauvres et non le parti des pachas», a encore lancé M. Gomaa, estimant que 50 % des 72 millions d'Egyptiens vivent en dessous du seuil de pauvreté. Selon lui, cette paupérisation est une bombe à retardement. «Si nous voulons lutter contre le terrorisme, il faut chercher la stabilité et lutter contre la pauvreté», a-t-il dit. M. Gomaa a encore demandé la «libération de tous les prisonniers politiques», et l'abrogation des lois d'exception, en particulier la loi d'urgence instaurée depuis l'assassinat du président Anouar al-Sadate, en 1981. Le président égyptien Hosni Moubarak, archifavori, porte les couleurs du Parti national démocrate (PND).Il avait annoncé en février dernier sa décision d'opter pour la première fois pour un scrutin multipartite, a assuré que l'élection de septembre serait transparente. «Il est temps, pour M. Moubarak, de montrer au monde que son grand pays peut être un exemple pour les autres», a déclaré, début juin, le président américain George W. Bush. Les contours de son programme vers plus de démocratie et davantage de libéralisme restent flous. Il a aussi annoncé, sans détails, qu'une loi antiterroriste remplacerait l'état d'urgence, dont l'abrogation est demandée par toute l'opposition.