Action Des centaines de magistrats égyptiens ont poursuivi vendredi leur pression sur le gouvernement pour réclamer des réformes. Ils ont renouvelé leurs menaces de ne pas superviser l'élection présidentielle prévue pour septembre. Ces juges ont tenu une réunion extraordinaire au «Club des magistrats», qui tient lieu de Syndicat de la magistrature au Caire, à laquelle ont participé quelque 1 500 membres. «C'est une bataille qui concerne les juges mais aussi le peuple», a déclaré aux participants Mahmoud Reda Khodeiry, président du Club des magistrats, à Alexandrie, dans le nord de l'Egypte qui participait à la réunion. Un premier rassemblement s'était tenu en avril à Alexandrie au cours duquel les magistrats avaient déjà menacé de boycotter les élections si le Parlement n'amendait pas les lois réduisant l'autorité des magistrats et l'exercice des droits politiques. «Des élections ne sont libres et justes que lorsque le peuple sent qu'elles sont libres et justes et non lorsque le gouvernement affirme qu'elles le sont», a affirmé M. Khodeiry. Sur le terrain, des partisans et des opposants du président égyptien Hosni Moubarak ont organisé deux manifestations opposées vendredi au Caire, les premiers lui faisant allégeance pour un cinquième mandat consécutif, et les seconds réclamant son départ. Près d'un millier de membres du Parti national démocrate (PND, au pouvoir) se sont rassemblés devant le bâtiment du Syndicat des journalistes au centre du Caire alors que 500 partisans du mouvement d'opposition Kefaya (ça suffit) manifestaient dans l'enceinte du Club des magistrats, adjacent au syndicat des journalistes. Les deux groupes, séparés par la clôture du club, ont scandé des slogans favorables et opposés à M. Moubarak, alors que des centaines de policiers des forces anti-émeutes étaient déployés dans la rue. Portant des drapeaux égyptiens et des portraits du président égyptien, les partisans du PND ont brandi également des banderoles sur lesquelles on pouvait lire «Moubarak, nous te faisons allégeance afin que tu poursuives ton parcours». Les policiers, déployés devant la clôture, empêchaient les manifestants de s'affronter. Portant des drapeaux égyptiens, les partisans de Kefaya criaient «A bas Moubarak» et «ça suffit, va-t-en». «Non à la loi d'urgence... libérez tous les détenus», et «Nous voulons des réformes globales et vraies», criaient les partisans de Kefaya regroupant des nassériens, des islamistes et des marxistes. Les services de sécurité égyptiens ont interpellé une équipe de la télévision satellitaire qatariote Al-Jazira alors qu'elle couvrait cette manifestation, l'équipe a été relâchée quelques heures plus tard, a indiqué la chaîne. Par ailleurs, un copte égyptien (chrétien) a annoncé, vendredi, qu'il allait présenter une demande pour créer un parti politique copte, une première pour un membre de cette communauté minoritaire. «Le parti, baptisé le parti de la oumma (communauté) copte, sera laïque», a souligné Mamdouh Nakhla, directeur du Centre al-Kalima pour les droits de l'Homme, dans un communiqué. Le Parlement égyptien a approuvé, mardi, un amendement constitutionnel autorisant, pour la première fois, plusieurs candidats à l'élection présidentielle, qui sera soumis à référendum le 25 mai.