Mercredi 1er juin, le Président des Etats-Unis d'Amérique, George W. Bush, a déclaré avoir demandé, lors d'un entretien téléphonique, à son homologue égyptien, Hosni Moubarak, d'« organiser des élections aussi libres et équitables possibles » à l'occasion des présidentielles prévues en septembre 2005. Cette intervention est survenue alors que le même jour une foule de manifestants se rassemblait sur le marché du Syndicat des journalistes au centre du Caire. Des centaines de femmes vêtues de noir brandissant un ruban blanc et soutenues par de nombreux hommes ont manifesté afin de défendre « l'honneur bafoué de la patrie ». Cette réaction intervient moins de dix jours après l'agression sexuelle de plusieurs femmes, dont des journalistes, lors de manifestations du mouvement d'opposition Kefaya ! (Assez !) appelant au boycott du référendum sur l'amendement de l'article 76 de la Constitution relatif à l'élection du président de la République. Celles-ci avaient été violentées et agressées sexuellement sous les yeux de la force de l'ordre qui n'avait pas réagi. On pouvait ainsi lire parmi les nombreuses banderoles : « Porter atteinte à l'honneur des femmes, c'est atteindre celui de la patrie » ou encore « L'honneur de nos collègues fait partie de l'honneur de la patrie ». Des milliers de policiers, en uniforme et en civil, étaient également mobilisés devant le syndicat ainsi que dans les rues avoisinantes afin de prévenir tout débordement des manifestants. Autre réaction, tout aussi marquante, celle de vingt-deux organisations de défense des droits de l'homme qui exigent le limogeage du ministre de l'Intérieur, Habib El Adli, ainsi que du directeur de la sûreté du Caire, Nabil El Ezabi, tenus pour responsables de ces agressions. Ces associations ont fait demande d'un procès public des responsables du Parti national démocratique (PND, parti au pouvoir) et de la police impliqués dans cette affaire. Le gouvernement n'a, pour le moment, fourni aucune réponse concernant ces demandes, même si le procureur général Maher Abdel Wahed a déclaré, jeudi 2 juin, qu'il demanderait des comptes aux personnes responsables de ces brutalités commises, et qu'il recevait le même jour le président du syndicat des journalistes, Galal Aref, ainsi qu'une délégation du conseil. Gamal Fahmi, membre du conseil, expliquait qu'ils avaient « présenté au procureur général une plainte énumérant tous les horribles abus commis contre les journalistes le jour du référendum, ainsi que contre les citoyens et citoyennes, notamment les harcèlements sexuels ». A signaler enfin que l'Egypte est classée à la 128e place (la même que l'Algérie) dans le classement mondial de la liberté de la presse établi annuellement par l'organisation française Reporters sans frontière (RSF).