Dilemme n S?ils partent en vacances, ils ratent le train de la rentrée. Alors, mieux vaut faire des sacrifices pendant un mois que de grever un budget déjà déliquescent. L?été, un grand nombre d?Algériens se retrouvent devant un dilemme : que faire pour bien se reposer sans se saigner à blanc ? Le choix entre deux solutions : éviter de prendre un congé ou bien le prendre pour se mettre immédiatement dans un autre travail afin de renflouer la caisse familiale, tant il est vrai que pour joindre les deux bouts, il faut s?adonner à toute une gymnastique. Et les vacances, la plage, les lieux de villégiature, les cures thermales? ? C?est la faute au Smig ! résume-t-on à l?unisson. Pour des milliers d?Algériens, tenter une évasion durant l?été, c?est se faire hara-kiri toute l?année. Faute d?un budget conséquent, ils désignent du doigt le même coupable : le temps et ses vicissitudes. Le camping sauvage ? Ce n?est plus permis tant l?insécurité est toujours de mise même si quelques régions du littoral surtout sont réputées être un havre de paix. Les agences de voyages ? On n?y pense même pas avec les prix exorbitants affichés. On se résigne dès lors à accepter son sort, bon ou mauvais, pour ne pas perdre la boussole, avec la petite consolation d?avoir toujours cette envie au c?ur d?écouter les beaux récits des pérégrinations d?un parent, d?un voisin ou d?un proche. Passer d?agréables vacances, c?est, avant tout, payer le prix fort. Un séjour d?une quinzaine de jours par personne frise en effet des records : de 10 000 à 20 000 DA ! selon, évidemment, les destinations. Un père de famille, smicard de surcroît, n?en rêve même pas. Il existe un grand nombre d?Algériens, par ailleurs, qui préfèrent se débrouiller en sacrifiant les congés pour ne pas rater le train de la rentrée. Car la rentrée, ce sont les fournitures scolaires, les tabliers pour les enfants, le loyer, le mariage de la grande s?ur et tout ce que la vie peut réserver comme imprévus. Les étudiants et les lycéens ne sont pas plus choyés. Ils font partie de cette frange de milliers de saisonniers qui suent sous le soleil de l?été pour de petits salaires et ils sont aussi des milliers à en faire l?amère expérience avec un travail à mi-temps payé au noir. Travailler en saisonnier pour une poignée de dinars qui suffisent à peine à rembourser un aller-retour en train? C?est ce qu?on appelle les faux calculs d?épicier?