La destination Tunisie demeure la plus prisée par le touriste algérien, sachant que le pays hôte a su entretenir son image. Les agences de voyages en Algérie surfent sur la vague des vacances. Elles savent pertinemment que cette saison estivale sera courte, alors la recette est la même pour attirer des clients : faire rêver et susciter l'envie de partir sous d'autres cieux par les brochures, mais aussi par les sites web. Les destinations qui ont la cote sont toujours identiques. Il y a bien sûr la traditionnelle Tunisie qui se veut être une terre de sérénité et se présente comme la plus accessible des destinations. Il n'y a pas de visa et les autorités tunisiennes ont su de tout temps séduire. Les tour-opérateurs algériens s'arrachent la destination et même le Ramadhan est devenu un argument de vente. Le prix d'une semaine de vacances commence à partir de 16 000 DA (320 DT). Il convient parfaitement à une famille au revenu moyen. D'après les estimations de certains agents interviewés, la Tunisie accapare 92% des réservations programmées des Algériens. Les Tunisiens ont aussi réussi à mieux vendre leur image car les autorités en charge du secteur ont compris les enjeux : le tourisme mondial a subi des mutations importantes ces dernières années. D'abord, le profil du touriste a beaucoup évolué : ses attentes, ses désirs, sa façon de consommer son voyage, ses méthodes en matière de choix des voyages ont radicalement changé. Meilleure illustration de ce changement majeur : un touriste partage aujourd'hui ses expériences de voyage sur Internet et 75% des touristes choisissent leurs destinations de vacances via la Toile. Le deuxième changement se rapporte à la cartographie du tourisme dans le bassin méditerranéen. Les destinations concurrentes de la Tunisie (Turquie, Maroc, Egypte, Chypre) sont devenues de plus en plus agressives, avec à la clef des budgets de promotion trois fois plus importants. La destination Maroc arrive progressivement. En attendant, après Agadir son unique et historique station « pieds dans l'eau », le pays s'est enrichi d'une deuxième grande station balnéaire, la seule prévue sur la côte méditerranéenne : Saïdia. Dès 2001, le tourisme devenait une priorité nationale dans ce pays. Depuis 2003 et surtout depuis décembre 2006 et l'ouverture du ciel, le Maroc a pratiquement doublé le nombre de vols internationaux en passant de 560 à 1026 fréquences hebdomadaires. Dans le même temps, son trafic est passé de 5,2 à 11 millions de passagers (2008). Pour les plus nantis des Algériens, l'Europe est une bonne destination de vacances. Les plus chanceux sont les hommes d'affaires, les chefs d'entreprise et les cadres qui peuvent bénéficier du visa Schengen entre 6 mois et une année. Ils partent en France (Paris, Marseille, Toulouse) et d'autres échouent sur les côtes de l'Espagne (Alicante et Barcelone). L'Egypte est devenue hors-circuit depuis la tension entre les deux pays. Les Algériens préfèrent Air Algérie à Egypt Air et ne se rendent au pays des Pharaons que dans le cadre professionnel. Il y a une autre catégorie d'Algériens qui se contenteront de petites échappées à Béjaïa ou Jijel à l'est, et Oran et Tlemcen à l'ouest. Ils ne peuvent pas faire trop de sacrifices surtout à la veille du Ramadhan et à quelques semaines de la rentrée. Bronzer et profiter de la mer est déjà pour eux une belle consolation.