Résumé de la 21e partie n Après que tous ses camarades eurent été mangés par les Noirs, Sindbad, trompant leur vigilance, a pu leur échapper. «Un vieillard qui m'aperçut, dit Sindbad, et qui se douta de mon dessein, me cria de toute ses forces de revenir ; mais, au lieu de lui obéir, je redoublai mes pas et je fus bientôt hors de sa vue. Je marchai jusqu'à la nuit, puis je m'arrêtai pour prendre un peu de repos et manger de quelques vivres dont j'avais fait provision. Mais je repris bientôt mon chemin et continuai de marcher pendant sept jours, en évitant les endroits qui me paraissaient habités. Je vivais de cocos, qui me fournissaient en même temps de quoi boire et de quoi manger. «Le huitième jour, j'arrivai près de la mer et j'aperçus tout à coup des gens blancs comme moi, occupés à cueillir du poivre, dont il y avait là une grande abondance. Leur occupation me fut de bon augure et je ne fis nulle difficulté de m'approcher d'eux. Les gens qui cueillaient du poivre, continua Sindbad, vinrent au-devant de moi dès qu'ils me virent. Ils me demandèrent en arabe qui j'étais et d'où je venais. Ravi de les entendre parler comme moi, je satisfis volontiers leur curiosité en leur racontant de quelle manière j'avais fait naufrage et étais venu dans cette île, où j'étais tombé entre les mains des Noirs. "Mais ces Noirs, me dirent-ils, mangent les hommes ! Par quel miracle vous êtes-vous échappé à leur cruauté ?" Je leur fis le même récit que vous venez d'entendre et ils en furent merveilleusement étonnés. «Je demeurai avec eux jusqu'à ce qu'ils eussent amassé la quantité de poivre qu'ils voulurent ; après quoi ils me firent embarquer sur le bâtiment qui les avait amenés et nous nous rendîmes dans une autre île d'où ils étaient venus. Ils me présentèrent à leur roi, qui était un bon prince. Il eut la patience d'écouter le récit de mon aventure, qui le surprit. Il me fit donner ensuite des habits et commanda qu'on eût soin de moi. «L'île où je me trouvais était fort peuplée et abondante en toutes sortes de choses, et l'on faisait un grand commerce dans la ville où le roi demeurait. Cet agréable asile commença à me consoler de mon malheur et les bontés que ce généreux prince avait pour moi achevèrent de me rendre content. En effet, il n'y avait personne qui fût mieux que moi dans son esprit et par conséquent il n'y avait personne dans sa cour ni dans la ville qui ne cherchât l'occasion de me faire plaisir. Ainsi, je fus bientôt regardé comme un homme né dans cette île plutôt que comme un étranger. «Je remarquai une chose qui me parut bien extraordinaire. Tout le monde, le roi même, montait à cheval sans bride et sans étriers. Cela me fit prendre la liberté de lui demander un jour pourquoi Sa Majesté ne se servait pas de ces commodités. Il me répondit que je lui parlais de choses dont on ignorait l'usage en ses états.» (à suivre...)