Débats houleux Depuis janvier 2003, trois pères de famille croupissent aux «Quatre-Hectares» pour vol, faux et complicité. Le procès est une première délivrance. Il est rare de voir trois pères de famille gravement impliqués dans une affaire de complicité de vol, de faux et d'usage de faux. Le prévenu principal, cerveau de l'affaire, est en fuite. C'est le neveu de Amor D., peintre dans une entreprise nationale. Il a eu le malheur de se faire régler par son neveu qui lui devait sept millions et demi de centimes, par la remise d'une voiture d?une valeur de trente-cinq millions. Au cours de son interrogatoire, il lui a été clairement signifié qu'en acceptant une voiture sans aucun papier, il savait que le véhicule était volé. «Vous saviez tout, mais le gain facile vous a tout fait oublier», rugit le juge, s?adressant au neveu du neveu. Il est vrai que la victime, présente ce jour-là à la barre, a raconté au président, que c'était elle qui avait retrouvé sa voiture garée à Dar El-Beïda, qu'elle l'avait bloquée par une autre auto, qu'elle avait alerté les policiers, lesquels ont procédé à I'arrestation de Hammoud M., qui avait pris la précaution, avant de payer l'auto volée en ce quatrième jour de ramadan, de faire examiner l'engin par un mécanicien, probablement au parfum du jus présenté. «La voiture m'avait plu. On m'avait demandé huit millions». «Qui, on» demande, perplexe, le juge qui voit le premier inculpé désigner son voisin de barre, Farid M. qui a, à son tour, désigné Amor D. comme étant le revendeur. Le comble, c'est que tout comme Amor et Hammoud, Farid parle de confiance. «De quelle nature ?», a ironisé le magistrat qui a fait un recoupement tendant à faire ressortir le vol et le faux. Ce dernier étant l'emplacement à l'arrière du véhicule de la plaque «BS» (non dédouané). Les avocats ont tous déploré l'absence du fameux neveu, voleur présumé de l'automobile retrouvée dans un état de délabrement avancé. «Si la PJ voulait, elle le présenterait ici», tonne Belouadah. Le procureur n'a rien voulu savoir. Les faits sont graves. «ça aurait pu être un vol qualifié par une association de malfaiteurs», a souligné le représentant du ministère public, qui a réclamé une peine de prison de cinq ans pour le prévenu en fuite et de trois ans pour chacun des trois autres prévenus. Me Amar Habaeb, avocat de la partie civile, a réclamé vingt-quatre millions de centimes de dommages et intérêts. Me Mohamed-Arezki Belouadah a tenté de semer le doute : «Mon client a certes reconnu sa faute, mais n?a rien volé.» Me Saïd Bey a évoqué l'absence du prévenu principal. «Le marché portant sur la vente a été conclu par deux amis qui se connaissent depuis longtemps.» Houcine Hamdi, le greffier, attend le verdict. Aouissi, le président, le dicte à haute voix. Les prévenus de vol et complicité écopent d'une peine de prison d'un an ferme chacun. Leurs conseils décident d'interjeter appel car c?est là l'unique moyen de dénoncer le verdict du juge, lequel passe à l?affaire suivante, un ?il sur l'assistance où un portable grésille. «Allez répondre dehors SVP, s?écrie le juge» contrarié...