Atteinte n Le petit vandalisme des fouilleurs clandestins et les travaux agricoles sont, en partie, responsables de la dégradation de ce vestige important découvert à Chemora. Les archéologues de l'Agence nationale d'archéologie (ANA) dépêchés la semaine écoulée à Batna, ont authentifié la récente découverte d'une immense nécropole berbère de la période protohistorique (XIIe au IVe siècles avant J.-C.) et préconisé «l'arrêt immédiat et définitif» des activités de la carrière qui se trouve sur le site, et qui, semble-t-il, le menace. L'archéologue Zohaïr Bekhouche, responsable de la circonscription régionale d'archéologie de l'ANA, considère que cet arrêt est la première mesure d'urgence à prendre pour stopper la dégradation, estimée à 70%, de cette importante et plusieurs fois millénaire nécropole berbère. «Sur un secteur inspecté d'environ 50 hectares, on n'a pu trouver que deux monuments funéraires du type dolmen entièrement intacts. Tous les autres tombeaux, dont le nombre se compterait par centaines, ont été endommagés», ajoute le même spécialiste. Le premier examen de cette nécropole laisse apparaître trois formes de tombeaux : les tumulus, les «bazinas» et les dolmens. Les deux premiers, qui sont les plus vieux et entièrement autochtones, constituent des ébauches aux grands mausolées nord-africains ultérieurs, dont le Madghassen (Batna), soutient le même archéologue, pour qui les dolmens représentent une architecture funéraire influencée par les échanges extérieurs d'origines sicilo-ibériques. Le noyau central de cette nécropole est le pic de la montagne Bleboud. Elle se serait étendue jusqu'au monticule voisin de Koudiet-Ferroudj sur lequel se trouvent des vestiges romains et byzantins plus récents, qui sont les seuls inventoriés par les archéologues coloniaux, précise M. Bekhouche. La carrière, dont l'exploitation a été cédée, il y a deux mois, à un privé par l'entreprise Somacba, déjà présente sur les lieux depuis 1975, est «le premier responsable de la dégradation de cet important vestige de l'architecture funéraire autochtone, mais n'est pas le seul», affirme le même spécialiste qui incrimine en second lieu «le petit vandalisme des fouilleurs clandestins et les travaux agricoles». «Ni la direction de la culture ni la circonscription archéologique n'ont été saisies avant la mise en exploitation de cette carrière, en dépit des lois sur les mines et le patrimoine soumettant l'aval à l'exploitation à l'avis préalable de ces deux structures», affirment leurs responsables respectifs locaux. Ce sont les animateurs de l'association locale des activités de jeunes de Chemora qui ont récemment attiré l'attention sur les menaces pesant sur ces monuments funéraires.