Collections n La salle consacrée à Tin Hinan constitue un modèle de la muséographie contemporaine dont la mise en place est en cours au musée national du Bardo. La directrice du musée, Mme Fatima Azzoug, a indiqué que «l'ouverture de cette salle entre dans le cadre de la nouvelle conception de présentation du fonds du musée, entamée en 2004, et fruit de réflexion du personnel», ajoutant qu'«en recréant la sépulture de Tin Hinan, considérée selon la légende comme la reine de l'Ahaggar et l'ancêtre maternelle des Touareg, nous voulions aussi rendre hommage à ce personnage important sur les plans historique, archéologique et mythique». «Nous avons, dans un souci d'authenticité, reconstitué la sépulture telle qu'elle existait à Abalessa (région située à 80 km de Tamanrasset) lors de sa découverte en 1926», a confié la conservatrice, soulignant que son institution essaye «de faire mieux connaître Tin Hinan» au public en exposant aussi le mobilier riche et varié et les bijoux en or, argent et pierres précieuses trouvés à proximité de son squelette. Elle ajoute que des objets appartenant à Tin Hinan et conservés jusque-là dans les réserves ont été placés dans la nouvelle salle afin que la reconstitution soit «fidèle». Evoquant la partie historique, Touil Abdelaali, préhistorien et chef de département animation et documentation, a rappelé que le squelette, découvert à la suite des fouilles entamées par une mission franco-américaine et présenté à New York, puis à Paris (en 1928) avant de regagner le musée du Bardo en 1933, était exposé dans les salles d'ethnographie touareg, de préhistoire saharienne (dans une vitrine), puis dans un petit espace en 1989, avant d'être mis dans cette salle qui vient d'être consacrée à ce personnage mythique et qui portera son nom. Décrivant la salle Tin Hinan, le conservateur a expliqué que la démarche suivie est de style contemporain, répondant au souci de faire du musée «un lieu vivant» en faisant «parler» les objets à travers les différentes illustrations et en «invitant le visiteur à un voyage dans le passé» en s'appuyant sur les technologies modernes. «Nous avons rassemblé toute la documentation concernant Tin Hinan, à savoir des écrits portant sur son histoire, les différentes légendes liées à son personnage, pour agrémenter l'exposition», a indiqué le chercheur, rappelant que la légende de la «reine» mythique aurait inspiré bon nombre d'écrivains et sociologues, notamment Pierre Benoît, auteur de L'Atlantide, Ibn Khaldoun qui, dans son ouvrage L'Histoire des Berbères, décrit une femme nommée Tiski la Boiteuse dont le fils Houar serait l'ancêtre des Touareg.