Résumé de la 33e partie n Le capitaine du navire sur lequel s'était embarqué Sindbad, dans son sixième voyage, perdit sa route longtemps avant de la retrouver enfin et d'identifier les lieux. Sindbad reprit son récit : «Mais nous n'eûmes pas sujet de nous en réjouir, tout ce que nous étions de passagers ; et nous fûmes un jour dans un étonnement extrême de voir le capitaine quitter son poste en poussant des cris. Il jeta son turban par terre, s'arracha la barbe et se frappa la tête comme un homme à qui le désespoir a troublé l'esprit. Nous lui demandâmes pourquoi il s'affligeait ainsi : "Je vous annonce, nous répondit-il, que nous sommes dans l'endroit de toute la mer le plus dangereux. Un courant très rapide emporte le navire et nous allons tous périr dans moins d'un quart d'heure. Priez Dieu qu'il nous délivre de ce danger : nous ne saurions en échapper, s'il n'a pitié de nous." «A ces mots, il ordonna de faire ranger les voiles ; mais les cordages se rompirent dans la man?uvre et le navire, sans qu'il fût possible d'y remédier, fut emporté par le courant au pied d'une montagne inaccessible, où il échoua et se brisa, de manière pourtant qu'en sauvant nos personnes, nous eûmes encore le temps de débarquer nos vivres et nos plus précieuses marchandises. Cela étant fait, le capitaine nous dit : "Dieu vient de faire ce qui lui a plu. Nous pouvons nous creuser ici chacun notre fosse et nous dire le dernier adieu, car nous sommes dans un lieu si funeste que personne de ceux qui y ont été jetés avant nous ne s'en est retourné chez soi." «Ce discours nous jeta tous dans une affliction mortelle, et nous nous embrassâmes les uns les autres les larmes aux yeux, en déplorant notre malheureux sort. «La montagne au pied de laquelle nous étions, faisait la côte d'une île fort longue et très vaste. Cette côte étant toute couverte de débris de vaisseaux qui y avaient fait naufrage et par une infinité d'ossements qu'on y rencontrait d'espace en espace et qui nous faisaient horreur, nous jugeâmes qu'il s'y était perdu bien du monde. C'est aussi une chose presque incroyable que la quantité de marchandises et de richesses qui se présentaient à nos yeux de toutes parts. Tous ces objets ne servirent qu'à augmenter la désolation où nous étions. Au lieu que partout ailleurs les rivières sortent de leur lit pour se jeter dans la mer, tout au contraire une grosse rivière d'eau douce s'éloigne de la mer et pénètre dans la côte au travers d'une grotte obscure dont l'ouverture est extrêmement haute et large.» (à suivre...)