Résumé de la 19e partie n Sindbad, qui reconnut enfin le capitaine l?ayant abandonné sur l?île, se fit également reconnaître de lui. Sindbad reprit son récit ainsi : «Le capitaine après m'avoir fort attentivement considéré, me reconnut enfin : "Dieu soit loué ! s'écria-t-il en m'embrassant. Je suis ravi que la fortune ait réparé ma faute. Voilà vos marchandises que j'ai toujours pris soin de conserver et de faire valoir dans tous les ports que j'ai abordés. Je vous les rends avec le profit que j'en ai tiré." Je les pris, en témoignant au capitaine toute la reconnaissance que je lui devais. «De l'île de Salahat, nous allâmes à une autre, où je me fournis des clous de girofle, de cannelle et d'autres épices. Quand nous nous en fûmes éloignés, nous vîmes une tortue qui avait vingt coudées en longueur et en largeur ; nous remarquâmes aussi un poisson qui tenait de la vache ; il avait du lait et sa peau est d'une si grande dureté qu'on en fait ordinairement des boucliers ; j'en vis un autre qui avait la figure et la couleur d'un chameau. Enfin, après une longue navigation, j'arrivai à Balsora et de là je revins en cette ville de Bagdad avec tant de richesses que j'en ignorais la quantité. J'en donnai encore aux pauvres une partie considérable et j'ajoutai d'autres grandes terres à celles que j'avais déjà acquises.» Sindbad, dit Schéhérazade, acheva ainsi l'histoire de son troisième voyage. Il fit donner ensuite cent autres sequins à Hindbad, en l'invitant au repas du lendemain et au récit du quatrième voyage. Hindbad et la compagnie se retirèrent et le jour suivant étant venu, Sindbad prit la parole sur la fin du dîner, et continua ses aventures. Quatrième voyage de Sindbad «Les plaisirs, dit-il, et les divertissements que je pris après mon troisième voyage n'eurent pas des charmes assez puissants pour me déterminer à ne pas voyager davantage. Je me laissai encore entraîner à la passion de trafiquer et de voir des choses nouvelles. Je mis donc ordre à mes affaires, et ayant fait un fonds de marchandises de débit dans les lieux où j'avais dessein d'aller, je partis. Je pris la route de la Perse, dont je traversai plusieurs provinces, et j'arrivai à un port de mer où je m'embarquai. Nous mîmes à la voile, et nous avions déjà touché à plusieurs ports de terre ferme et à quelques îles orientales lorsque, faisant un jour un grand trajet, nous fûmes surpris d'un coup de vent qui obligea le capitaine à faire amener les voiles et à donner tous les ordres nécessaires pour prévenir le danger dont nous étions menacés. Mais toutes nos précautions furent inutiles : la man?uvre ne réussit pas bien, les voiles furent déchirées en mille pièces, et le vaisseau, ne pouvant plus être gouverné, donna sur une sèche et se brisa de manière qu'un grand nombre de marchands et de matelots se noyèrent, et que la charge périt.» Schéhérazade en était là quand elle vit paraître le jour. Elle s'arrêta, et le roi Schahriar se leva. (à suivre...)