Résumé de la 1re partie n L?équipage du Beaufort, après le crash, prend place sur un canot pneumatique. Tout semble perdu, mais le copilote pense au pigeon voyageur pour envoyer un SOS à la base. L?oiseau refuse de s?envoler? Enfin le pigeon monte, tourne une fois, deux fois, trois fois au-dessus du petit groupe tout à fait silencieux et fonce dans le ciel, du côté opposé au couchant. C?est alors que l?un des mitrailleurs émet d?une voix mal assurée cette question qui va faire l?effet d?une bombe? «Vous m?avez bien dit, commandant, qu?un pigeon volait à 60 km/h ? Donc il est dix-sept heures? il aura atteint la terre aux environs de vingt et une heures? Seulement voilà, à vingt et une heures, en cette saison, la nuit est tombée. Est-ce que les pigeons peuvent voler la nuit ?» Les regards qui s?échangent en disent long sur la réponse qui convient à une telle question. Non ! Ces pigeons-là ne volent pas la nuit et, de mémoire d?homme, jamais un pigeon n?a réussi à se poser sur l?eau sans se noyer. Le lendemain matin, comme chaque jour, au lever du soleil, John Herklay, boulanger de son métier, une fois sa fournée faite, rend visite à ses pigeons. Colombophile émérite, il possède une bonne cinquantaine de pigeons voyageurs. Tandis qu?il parle et flatte tour à tour chacun de ses pensionnaires ailés, son attention est attirée par le bruit caractéristique d?un pigeon qui se pose sur l?aire d?arrivée, au retour d?une course lointaine. Au battement des ailes, M. Herklay sait que l?oiseau est très fatigué. De fait, l?arrivant a les plumes des ailes et du ventre collées par du mazout. Le boulanger prend l?animal et ouvre l?étui attaché à sa patte. A sa grande surprise, le papier qu?il contient est vierge. «Cela ne présage rien de bon», pense M. Herklay en emmenant l?oiseau pour le nettoyer. Alerté, le lieutenant Mossel, chargé de la répartition des pigeons, n?a aucun mal à identifier la provenance du volatile. Il était à bord du Beaufort porté manquant la veille et qu?un hydravion a vainement recherché une partie de la nuit. Sachant que ce pigeon ne vole pas la nuit et que celui-ci est arrivé deux heures après le lever du soleil, la base va organiser des recherches en conséquence. A ce moment précis, là-bas sur la mer, les quatre naufragés du ciel sortent de la torpeur glacée dans laquelle ils viennent de passer la nuit. Le commandant William a donné l?ordre de se frictionner les uns les autres. Le froid est vif, il a neigé une partie de la nuit et si les secours ne viennent pas dans la journée, leurs chances de passer une deuxième nuit sont pratiquement nulles. Mais de cela, bien sûr, le commandant ne parle pas. Au contraire, il imagine à voix haute le départ des camarades, là-bas, sur le terrain. «Contact? start !» De fait, à 250 kilomètres de là, six Beaufort prennent leur envol pour quadriller la mer. Mais dans un rayon de 150 kilomètres seulement? A la base, le lieutenant Mossel a bondi dans une jeep, il va rejoindre John Herklay le colombophile, une idée floue flotte dans sa tête? «Vous avez bien dit que le pigeon était souillé de mazout, n?est-ce pas ? Alors comment expliquez-vous cela ?» Le boulanger marque un temps de réflexion et explique que, sans doute, l?explosion de l?appareil au contact de l?eau a dû projeter du mazout sur l?oiseau, mais le lieutenant l?interrompt d?un geste : «Un avion n?utilise pas de mazout !» Devant cette évidence, M. Herklay s?embarrasse dans une histoire de nappe de mazout flottant sur la mer. Mais le lieutenant Mossel ne l?écoute plus. Il formule à voix haute une idée qui vient, tout à coup, de se préciser dans son esprit. «Et si le pigeon avait passé la nuit sur un pétrolier ?» Hé ! oui, pourquoi pas ?? Voyant le jour baisser, le pigeon commence sa descente vers la mer ; son instinct, l?avertissant du danger que représente l?élément liquide, l?empêche de se poser. C?est alors qu?il perçoit la masse sombre du pétrolier, il prend pied sur le pont souillé de mazout, il y passe tranquillement la nuit et repart au petit jour. (à suivre...)