Constat n La différence dans la perception des horizons socio-politiques par chacun de nous s'est parfaitement illustrée ces dernières années. L'entrée en force des chaînes satellitaires dans des millions de foyers algériens a fini par mettre en évidence cette diversité idéologique, longtemps occultée. La télévision est, en effet, un lieu quotidien de dialogue et de communication. En d'autres termes, c'est l'organe médiatique le plus habile dans la vulgarisation des idées, des croyances et des cultures. Notre société semble, à ce titre, tiraillée entre deux conceptions très distinctes. D'un côté, les férus des chaînes occidentales qui disent être proches de la culture et du mode de vie qu'elles véhiculent. Et de l'autre, des adeptes de la culture arabo-musulmane pour qui seules les chaînes arabes sont en mesure de répondre à leur attente de programmes correspondant à leur identité culturelle et sociale. Ces multiples chaînes ont ainsi franchi, depuis quelques années, nos frontières et fidélisé, chacune à sa manière, des millions de téléspectateurs. Et l?on peut affirmer sans exagérer que la parabole façonne avec le temps des modèles qui s'imposent par comparaison, qu'il s'agisse des traditions vestimentaires et gastronomiques ou encore des loisirs, voire des réflexions. Si les télévisions occidentales, notamment celles qui émettent depuis l'Hexagone, prônent l'utopie démocratique et la défense des libertés individuelles, les chaînes orientales, elles, prônent l'utopie de la généralisation de la culture arabo-musulmane et la prémunition du monde arabe de l'invasion culturelle occidentale. Cette divergence dans le choix des programmes se manifeste au sein même d'une même famille. Bon nombre de femmes au foyer, amatrices de feuilletons arabes, s'ingénient à imiter les coutumes des pays du Moyen-Orient, en matière de traditions culinaires, de décoration intérieure, et dans certains cas, de langage. Le même constat est à faire pour ce qui est du public des chaînes occidentales, notamment sa composante juvénile. Celle-ci est fortement imprégnée du mode vestimentaire et même comportemental et linguistique européen. Ces programmes, venus d'ailleurs, exercent, ainsi, une forte fascination et un engouement certain. Leur impact ressenti dans notre vie quotidienne confirme l'intérêt que lui accorde une catégorie d'Algériens qui privilégient ces programmes considérés plus proches de notre réalité culturelle. De toute évidence, la société algérienne, à l'instar de toutes les sociétés, n'est pas homogénéisée au plan culturel et linguistique. L'Algérien, qui se reconnaît dans les réflexions développées par les télés occidentales, s'identifie plus aisément dans cette ère de la mondialisation que l?autre Algérien qui peut être son propre frère, mais son opposé dans ses idées et réciproquement. La configuration de notre société est très subtile et ce droit à la différence, l'Algérien semble le trouver dans cette fameuse soucoupe qu?est la parabole.