Le raïs égyptien persiste à refuser un contrôle étranger du scrutin présidentiel, prévu en septembre prochain, qu'il assimile à une ingérence dans les affaires intérieures de son pays. Sans mettre de gants, le secrétaire général de l'Organisation égyptienne des droits de l'Homme, Hafez Abou Saâda, exige la présence d'observateurs pour s'assurer de la régularité de l'élection présidentielle. “Nous réclamons un contrôle international des élections. Nous estimons que cette mesure fait désormais partie du processus démocratique dans le monde et constitue un certificat de garantie de la liberté des élections”, a-t-il déclaré à la presse. Battant en brèche les thèses du pouvoir qui qualifient cette éventualité d'atteinte à la souveraineté de l'Egypte, Hafez Abou Saâda rétorquera : “Il est faux de dire que cette supervision porte atteinte à la souveraineté du pays ou constitue une ingérence dans les affaires internes.” Il ajoutera : “Nous estimons qu'une supervision internationale est une garantie d'élections libres et qu'elle encourage le peuple à l'implication dans le processus politique car elle garantit à l'électeur égyptien le respect de son choix.” Abou Saâda conclura en insistant sur le fait qu'“il n'existe aucune raison ou logique de refuser la supervision internationale, à part la volonté de continuer à falsifier les résultats”. Le responsable de cette organisation égyptienne non gouvernementale est appuyé par le secrétaire général du parti du Tagamou, Hussein Abdel Razek. Ce dernier estime qu'il est “étrange que l'Egypte, dont des institutions et des citoyens ont participé en tant qu'observateurs internationaux à des élections dans d'autres pays du monde, considère cela comme une ingérence dans les affaires internes”. Il poursuivra : “Nous allons faire pression pour que le gouvernement égyptien accepte un contrôle international conduit par des personnes dont l'intégrité et l'impartialité sont reconnues.” Et de dire : “Le contrôle international ne peut être assimilé à de l'ingérence.” Le président du centre “Al Ard” pour les droits de l'Homme verse dans le même sens en s'interrogeant sur le refus du pouvoir égyptien à accepter des observateurs internationaux. “Notre gouvernement se dit démocratique et honnête. Une supervision internationale prouverait la véracité de son discours (…) nous ne devons pas priver notre gouvernement d'un moyen qui l'aiderait à prouver ses tendances démocratiques”, insistera-t-il. En attendant, le régime égyptien, à commencer par le fils du raïs, Gamal Moubarak, patron du Parti national démocratique au pouvoir, refuse “toute tentative de l'étranger d'imposer un certain modèle de contrôle”, car, selon lui “cette question est une affaire interne”. Même son de cloche chez le chef de la diplomatie égyptienne, Ahmed Aboul Gheit, qui a exclu une supervision internationale de l'élection présidentielle en affirmant que “personne en Egypte n'accepte une telle supervision étrangère”. En attendant, une vingtaine d'organisations égyptiennes de défense des droits de l'Homme avait formé “un observatoire électoral” pour contrôler les prochaines élections en Egypte. Ces organisations ont introduit une demande officielle auprès du gouvernement pour obtenir l'autorisation de mener leur mission et demeurent dans l'attente d'une réponse. Cette démarche pourrait être bloquée par le Parlement contrôlé entièrement par les députés du Parti national démocratique de Hosni Moubarak. K. ABDELKAMEL