Palmarès n Le commandant Carlsen est un marin de grande valeur qui s?est illustré par des prouesses durant la Seconde Guerre mondiale. En ce mois de décembre 1951, un cargo, le «Flying Enterprise», appartenant à l?armateur Isbrantsen de New York, quitte le port de Hambourg, en République fédérale allemande. Le temps est mauvais et la mer roule des flots sombres et tumultueux? Le commandant du vaisseau, Kurt Carlsen, aurait, sans doute, dû reporter le voyage, mais il devait, ce jour-là, partir, pour prendre la direction de l?Amérique. Le «Flying Enterprise» transporte ? c?est du moins la version officielle ? quelques passagers, des meubles anciens, des cages à serins, des céréales, du café et quelques autres marchandises sans grande importance. Mais apparemment, des marchandises que les destinataires attendent avec impatience. Mais en quoi y a-t-il urgence à livrer, en ce temps de tempête, du café, des céréales et des meubles anciens ? L?Amérique ne manquait pas de café ou de céréales, quant aux meubles anciens, les collectionneurs pouvaient attendre ! A moins que ces meubles ne fassent partie des cadeaux que de riches excentriques comptent faire à leurs proches, à l?occasion des fêtes? Et encore ! Quoi qu?il en soit, le commandant a reçu l?ordre de partir et il est parti, à la date et à l?heure convenues. Le commandant Carlsen est d?origine danoise mais il est, depuis plusieurs années, naturalisé américain. C?est un grand gaillard, une armoire à glace, blond, aux yeux bleus, comme il se doit pour un Nordique,c?est aussi un homme d?une grande affabilité. C?est surtout un marin de grande valeur qui s?est illustré par des prouesses durant la Seconde Guerre mondiale, prouesses qui lui ont valu des médailles. Voilà deux jours que le cargo déchire les flots. L?Atlantique Nord est violemment secoué par la tempête, mais le commandant a la main ferme et dirige son vaisseau d?une main de maître. Il fait tout pour rassurer son équipage et ses passagers. «La tempête va bientôt tomber, dit-il, il n?y a rien à craindre. Et puis, le bateau est solide, il a vu pire que cela !» On se rassure donc, mais au fur à mesure que le temps passe, on se rend compte que la tempête, au lieu de se calmer, redouble d?intensité. Par mesure de prudence, le commandant demande aux passagers de rester dans leurs cabines. Entouré de ses proches collaborateurs, il essaye, tant bien que mal, de guider le bateau sur les flots déchaînés et, surtout, de le mener à bon port. Hélas, le sort va en décider autrement. Le matin du 29 décembre, on entend un effroyable craquement et les marins, effrayés, découvrent une partie de la tôle du bateau défoncée. On n?a pas heurté un rocher, mais une lame gigantesque, frappant la coque de plein fouet, l?a sérieusement endommagée. «Mettez en marche les machines !», hurle le commandant. Il croyait, à ce moment-là, pouvoir évacuer l?eau et procéder à des réparations? (à suivre...)