Histoire n Les villageois se souviennent de ce patelin au c?ur des montagnes sauvages, entre Cherchell et Damous, dont les Français se sont entichés pendant plus de 132 ans. Des champs immenses à perte de vue, des terres fertiles et généreuses, des journées ensoleillées et une nature sauvage et vierge qui ensorcelle tous ceux qui osent s?y aventurer, tous ceux qui osent s?approcher d?elle et l?aimer. C?était Sidi Ghilès d?il y a plus d?un siècle. «Avant la venue des Français en 1830, trois tribus résidaient ici, les Ourir, les Naïth Nacer et les Djaâtiya, elles survivaient grâce à l?agriculture. De grands champs de blé, de figuiers, d?orangers, d?oliviers et de toutes sortes de fruits s?étendaient au loin. Le blé était la plantation favorite de la population, car il assurait sa survie, on pouvait en faire de la farine, du pain?!», raconte Mohamed, un jeune au visage basané, natif de la région. Ses mains s?élèvent fièrement, ses yeux brillent, il parle avec passion du village de ses ancêtres dont il a appris l?histoire dans ses moindres détails. «Le village colonial baptisé Novi, n?a vu le jour qu?en 1877, année où les premiers colons commençaient à affluer à Sidi Ghilès. Certaines de leurs constructions, de leurs villas et fermes sont encore là, témoignant de leur présence. Ils chassent les tribus algériennes, délestent les citoyens de leurs biens et les exproprient de leurs terres», précise encore Mohamed. Ainsi, n?ayant pas d?autre choix, les habitants des tribus délogés et détrônés se sont réfugiés dans les montagnes, ils ont vécu longtemps en cultivant les terres sauvages. «La vie dans les montagnes était dure et pénible, les terres fertiles étaient quasi inexistantes et les familles avaient de plus en plus faim. C?est pour cela que les hommes, autrefois propriétaires, deviennent esclaves et sont contraints de travailler chez les Français même contre un salaire dérisoire, il fallait vivre !», ajoute Kader. Mohamed s?emporte soudainement: «Non ! Non ! Nos ancêtres n?ont jamais travaillé chez les colons ! Ils ont refusé de le faire ! Ils se sont battus !» Sereinement, avec la conviction des gens mûrs et sages, Kader rétorque : «C?est l?histoire qui le dit et puis ce n?est pas indigne ! Ils étaient dans le besoin, ils étaient obligés de le faire comme tous les Algériens de l?époque !» A Sidi Ghilès, les premières luttes contre la colonisation française ne se sont pas fait attendre et c?est le caïd Berkani qui a organisé et constitué les premières accrochages. C?est un enfant du bled, et c?est surtout le héros des villageois, tout le monde le connaît.