Thèmes n Lors de son déplacement à Ouargla, le président de la République accentuera son discours sur la réconciliation et les préoccupations des citoyens de la région du Sud. IIs étaient près de trois mille à l?intérieur de la salle, venus d?Illizi, de Biskra, de Tamanrasset, d?Oued Souf et de Djanet. Mais dehors, ils étaient des milliers. Des vieux adossés au mur, des jeunes debout s?agitent, des femmes voilées assises en petits groupes? tous attendent la sortie du président. Le soleil n?épargne personne. Les troupes folkloriques accompagnent cette attente ponctuée par des coups de baroud. Des jeunes esquissent des pas de danse locale, sous le regard impassible du président dont les photos sont accrochées un peu partout. A l?intérieur de la salle, Bouteflika arrive, se dirige vers la tribune et entame son discours. «Je suis un messager de la paix», avant d?entrer dans le vif du sujet : «La région du Sud aura toute mon attention» annonçant la création prochainement d?un fonds de développement pour le Sud. Mais le président fera remarquer que les jeunes doivent travailler : «J?ai dans ma poche une liste de 4 500 jeunes qui ne veulent pas travailler pour 18 000 DA.» Applaudissements, youyous, les femmes inondent la salle de confettis, les ministres se lèvent, s?assoient et ainsi de suite. Le président reprend la parole et aborde l?histoire de la région et les «hiboux qu?avait laissés le colonialisme». L?assistance écoute attentive. De temps à autre, un citoyen lance une phrase, le président ne bronche pas. Il continuera sur sa lancée : «Le dossier des disparus est complexe», en appelant à la compassion pour les victimes. Bouteflika se place en arbitre dans la crise. «Je ne sais pas qui a commencé le conflit. Laissons les historiens faire leur travail», enchaînera-t-il, en expliquant : «Nous les politiques, nous gérons le quotidien. Nous ne pouvons revenir en arrière.» Devant les applaudissements de l?assistance, le président lance : «Vous ne savez même pas pourquoi vous applaudissez.» Consternation dans la salle, puis : applaudissements. «On a du retard par rapport aux autres nations, on doit travailler pour les rattraper», conclut le président. La foule se déchaîne, les youyous, «Chaâb maâk ya Bouteflika». Le président quitte la salle. Dehors, les gens n?ont pas bougé. Ils attendent patiemment leur président. Les troupes jouent au karkabou et tirent du baroud. Les gendarmes contiennent difficilement la foule. «On est content de la visite du président», déclare un vieux venu d?Illizi.