Espoirs n Dans les quartiers de Soucra, Boughfoula, Khaïma et Ksar, les Ouarglis attendent beaucoup de cette visite, mais aussi de l'Algérie. Ouargla a revêtu ses plus beaux atours pour recevoir le chef de l?Etat. Des citoyens, venus de six wilayas voisines, ont convergé vers l?oasis du Sud-Est. Les autorités locales n?ont rien négligé pour réussir le passage du président. Tôt ce dimanche matin, les ouvriers de la commune balayaient encore les rues. «Tout a été passé au peigne fin», dira un employé de la wilaya. Les milliers de drapeaux, les articles entiers de la charte inscrits sur d?immenses banderoles exposées dans les grands boulevards? autant d'indices annonciateurs de la venue du président. Hier soir, des citoyens venus de Tamanrasset, d?El-Oued, de Ghardaïa, de Biskra? ont sillonné les rues dans des bus pour «sensibiliser» les plus réticents. Les gens en groupes, en quête de fraîcheur, discutent. «Ici, les gens se demandent ce que le président dira», estime un citoyen. La région a très peu été exposée à la barbarie terroriste, mais les Ouarglis n'en ont pas moins souffert de loin et veulent que cela cesse. «Nous voterons pour la paix et pour nos enfants», déclare un vieux allongé sous un palmier. Dans une boutique mozabite, Salah s'interroge : «Que va nous apporter cette visite ?» L?opinion publique, convaincue de la nécessité de la paix, pose crûment les questions sociales la touchant directement. Cela est d'autant plus vrai dans un quartier comme Beni Thour, le plus démuni de la ville, où des émeutes ont éclaté l?année dernière pour le gaz. Depuis, «la situation n?a pas changé», dira un habitant. Soucra, le c?ur de ce quartier, est réputé dangereux. Il compte d'ailleurs les couches les plus défavorisées. Celles-ci cohabitent dans des maisons en parpaing, sans électricité. «Les 48 wilayas cohabitent ici», dit un habitant. C?est le quartier de l?illégalité, le Far West du Sud. «On aurait aimé que le président passe par ici pour que l?autorité nous fasse la route.» Les habitants parlent en connaissance de cause : «Ils ont retapé 6 km de la grande route, en quatre jours, car le président passera par là-bas.» A Boughfoula, c?est le néant, le quartier est plongé dans le noir total, «pourtant, les commerçants sont des milliardaires», dira un habitant. Aux quartiers de Khaïma et Ksar, où habitent les vrais Ouarglis berbères, les avis sont partagés sur la venue du président. «C?est une bonne chose», dira un jeune, «on demande du travail», dira un autre. Au quartier de Sidi Amar, les habitants expliquent : «Ouargla fait vivre l?Algérie entière. Regarde dans quel état nous vivons. On demande notre part, comme tout le monde.» «Les habitants de Ouargla ne travaillent pas. Regarde dans quel état se trouvent les palmeraies, elles sont abandonnées. Les habitants d?ici aiment le trabendo.» «Plusieurs projets sont à l?arrêt par manque de main-d??uvre», estime un entrepreneur de la région. Le président, arrivé ce matin, a entamé sa visite par une halte à la zaouïa Sidi Lakhdar, où étaient regroupés les trois courants : Kadiria, Chadilia et Tidjania. Juste après, il devait prononcer un discours à la salle omnisports de la ville. L?après-midi, des visites de travail devaient le conduire au palais de justice, à l?université. Il doit également procéder à la pose de la première pierre pour des logements sociaux.