Les historiens arabes ont souvent écrit, et à leur suite des historiens occidentaux, que la Kahina était de religion juive, sous prétexte que sa tribu? les Awraba ? aurait été judaïsée. Rien de certain en ce qui concerne les Awraba, et rien de certain non plus en ce concerne la Kahina. D?ailleurs, aujourd?hui, de fortes présomptions pèsent sur une origine chrétienne, à cause de la filiation de la reine : les noms de ses aïeux, Matiya et Tifan, sont des déformations de Mathieu et Théophane, mais aussi du nom de Damiya, que lui donnent certains auteurs, et qui était sans doute un diminutif du nom latin Damiana. Kahina pouvait être également païenne. En effet, un auteur musulman, Al-Malikî, écrit que pendant sa retraite devant les armées musulmanes, Dihiya était accompagnée d?une grande idole en bois transportée sur un chameau. On a écrit qu?il s?agirait d?une statue du Christ ou de la Vierge Marie, mais il se peut également que ce soit une divinité berbère, emportée dans la fuite. Si le surnom de Kahina est répandu, son vrai prénom l?est également, aujourd?hui, notamment en Kabylie et dans les Aurès : Dihiya. Il s?agit d?un nom berbère que nous proposons de rattacher au verbe adeh, encore attesté en touareg, avec le sens de «être palpé, caresser, être caressé», ici «aimée, choyée». Des prénoms issus de ce verbe sont aujourd?hui attestés, chez les Touareg : Dahu et son féminin Daha ; et chez les Berbères du Maroc central, Dahi.