Résumé de la 1re partie Le conquérant arabe Hassan ben Nu'mân rencontre dans le massif des Aurès une forte résistance des Berbères, résistance menée par une femme surnommée La Kahina, «la prêtresse». Qui était La Kahina ? Comme nous l'avons déjà souligné, Kahina, «la prêtresse, la sorcière», est le sobriquet donné par les Arabes à la reine des Aurès. Les historiens, eux, la nomment Dayhia, fille de Matiya ben Tifan ou encore Dihiya ou Dîyya. On trouve également Damiya, fille de Yunafiq. Les historiens musulmans soutiennent qu'elle était de religion juive, tirant argument du fait que la tribu berbère des Djaraouas, à laquelle elle appartenait, était à l'époque en partie judaïsée. En fait, rien n'est sûr. La Kahina, comme Kossayla au côté duquel elle avait combattu les Arabes, pouvait également être chrétienne. A la base de cette hypothèse, il y a la filiation de la reine : en effet, l'arabe Tifan et Matiya transcrivent les noms de Théophane et Mathieu, courants chez les chrétiens du Maghreb. L'un des noms même attribués à La Kahina, Damia, pourrait être un diminutif du nom latin Damiana, également courant chez les Berbères christianisés. Le témoignage d'un auteur musulman, Al-Maliki, va dans le sens de cette hypothèse : fuyant devant les Arabes, La Kahina transportait sur un chameau une grande idole en bois. On a aussitôt pensé à une statue du Christ ou de la Vierge Marie, mais il pourrait aussi s'agir de la représentation d'une divinité berbère. En fait, on ignore, faute de témoignages suffisants, la religion de la reine des Aurès qui pouvait être juive, chrétienne ou tout simplement païenne ! La Kahina, comme les Berbères de l'époque, ne devait pas être fanatique, puisqu?elle-même, réalisant que la victoire des musulmans était inéluctable, allait pousser ses fils à embrasser l'islam. Ceci dit, quelle que soit sa religion, La Kahina était une reine authentiquement Berbère, qui cultivait, comme tous ses ancêtres, l'amour de la patrie et de la liberté ! Les récits à son propos sont nombreux ainsi que les légendes, certaines diffusées par des auteurs musulmans, d'autres par des romanciers français en mal d'exotisme. Plusieurs récits romancés ont été, en effet, écrits sur l?héroïne, récits que des auteurs algériens ont pris pour des informations historiques et qu?ils ont diffusés. Mais avec ce genre de personnage, on ne peut échapper à la légende... Alors, ne soyons pas rebutés quand dans les récits historiques se glissent des légendes... Les légendes des autres, mais aussi les légendes locales qui, plus d'un millier d'années après sa mort, se souviennent de la reine des Aurès et la gIorifient. Ainsi, ne dit-on pas que c'est pour porter le deuil de Kahina que les femmes chaouies portent des vêtements et des foulards noirs ? Le puits à proximité duquel elle a été tuée ne porte-t-il pas le nom de Bîr al-Kahina, le puits de La Kahina ? Et de nos jours, ses noms, Dihia, Damia, et même son sobriquet arabe, Kahina, pourtant dépréciatif, sont portés par des milliers d'Algériennes... Bel hommage à celle qui continue ainsi de symboliser, plusieurs siècles après sa mort, l'amour de la liberté et du pays natal ! (à suivre...)