Démarche n Les écoles privées seraient prêtes à se conformer au cahier des charges à la condition fondamentale de continuer de prodiguer un enseignement bilingue. Du fait des nombreux dossiers soulevés par la tutelle dans le cadre de la réforme du système éducatif national, il s?avère que celle-ci ne peut être l?apanage d?une seule institution de l?Etat. La modernisation des mécanismes de formation, d?enseignement et leur adaptation aux nouvelles tendances du libéralisme, exige la contribution d?un partenaire qui n?est autre que l?école privée se voyant déjà attribuer par le ministère un rôle complémentaire. Mais l?association de cet acteur privé au processus de réforme ne va-t-elle pas se heurter à la question de savoir comment celui-ci, tout en se disant motivé et voulant répondre surtout à une préférence sociale réelle, va-t-il se conformer «à la lettre», aux conditions fixées par les pouvoirs publics ? Autrement dit, le programme en vigueur établi par le département de Benbouzid sera-t-il prodigué normalement dans ces établissements ? Les matières scientifiques justement pourront-elles être dispensées en langue nationale uniquement, sachant qu?à l?université, estiment les directeurs privés, la plupart des disciplines scientifiques sont enseignées en langue étrangère ? Pourquoi ce choix existe-t-il donc réellement dans la société ? Face à cette demande «tant exprimée par les parents d?élèves», n?y aurait-il pas des alternatives ? Il faut dire que l?actuel programme scolaire de ces établissements est considéré «de qualité, mieux approprié et exempt de lacunes rencontrées dans le programme officiel». En fait, selon les responsables privés, leur programme serait une combinaison des deux programmes, national et français, ce qui leur permet, ajoutent-ils, de contourner «le manque de supports pédagogiques et d?obtenir une mixture optimisée». «Après 30 années d?enseignement dans le secteur public, je me suis rendu compte que l?école algérienne a régressé et que le programme établi par la tutelle contenait des lacunes», révèle la directrice de l?école l?Envol, située à El-Mouradia. Et d?ajouter : «C?est par souci de combler ces lacunes que je me suis proposé de créer mon école et de pouvoir former ainsi un parfait bilingue algérien». Pour sa part, la directrice de l?école Persévérance (sise à Birkhadem), dira : «On va se battre pour un enseignement bilingue, sans pour autant renier notre identité.» Ces responsables ne voient pas d?un mauvais ?il la réforme engagée par l?Etat, ils ne sont pas non plus contre l?enseignement de la langue nationale, déclarent-ils. Seulement, tout en s?inscrivant dans une logique d?ouverture, ils se disent pour un enseignement bilingue pour tous les paliers, de la maternelle jusqu?au lycée. Selon eux, le bilinguisme permet de parfaire l?élève, d?éveiller son esprit critique, de l?ouvrir à l?universel et de le préparer à pouvoir passer les deux baccalauréats : algérien et français.