Résumé de la 1re partie n En ce temps-là, animaux et humains étaient intimement liés les uns aux autres et vivaient en parfaite harmonie. Il fera beau et chaud demain, «glapit» doucement un vieil aigle à tête blanche du bout de son accent pointu. En venant vous trouver, j'ai vu le soleil se coucher dans de légers draps roses. L'aigle ne se trompait jamais car avec ses yeux perçants, ce qu'il avait vu, il l'avait bien vu ! Tous le savaient, personne ne le contredisait. ? Vous avez bien raison, «brame» une chevrette. Ce soir, le vent de l'est s'est fait doux et j'ai senti sa caresse sur les longs poils de mes joues. Ce sera beau demain, c'est certain ! ? Oui ! C'est bon signe. Regardez la flamme monter haute et droite dans l'air sec, sans faire de fumée, dit un homme. Je suis de votre avis moi aussi. Oh ! Une belle journée en perspective... ? Tant mieux ! Tant mieux ! grogne l'ours noir de sa voix bourrue, mais sympathique, en se frottant les mains de satisfaction. J'ai l'intention d'aller me baigner pas plus tard que demain. ça fait bien mon affaire qu'il fasse chaud. ? Ouais... hum... mais vous savez, moi je crois que quelques petites gouttes de pluie par-ci, par-là, ne feraient de tort à personne, gémit prudemment le castor entre ses longues dents, hésitant et tapant légèrement de la queue sur le sol poussiéreux soulevant de petits nuages gris. Tap ! Tap ! Tap ! Tous constatent alors que le castor est nerveux sans bon sens. C'était contre ses habitudes, lui toujours si calme... Que se passait-il donc ? ? Ouais... Il n'y a pas eu de pluie depuis... depuis... Attendez que je compte... ? Depuis autant de lunes que j'ai de cercles autour de ma longue queue, s'écria le raton laveur exubérant, toujours plus vif que ses confrères. Il se dressa le derrière face au feu, la queue en panache : tous remarquèrent qu'effectivement, il n'y avait pas eu la plus petite ondée depuis fort longtemps ! ? Ouais... Vous savez sans doute mes bons amis que le niveau de l'eau dans ma rivière n'est pas descendu aussi bas de mémoire de castor. Je suis à court d'eau, je vous avoue bien humblement, que ça m'inquiète un peu. Pour tout vous dire et sans vouloir vous apeurer inutilement, je crains la sécheresse. Oui... la sécheresse ! ? Les incendies de forêt sont toujours à redouter dans de telles conditions, croasse le corbeau noir en déployant ses grandes ailes couleur de suie. Tous frissonnent à cette remarque. Les bêtes et les humains avaient cet ennemi commun ; le terrible feu qui, poussé dans le dos par son impitoyable compagnon le vent, ravage les forêts sèches, souille de cendre l'eau des lacs et des rivières, détruit sans discernement maisons, nids, terriers, cabanes ; asphyxie sans pitié ceux et celles qui n'ont pu fuir à temps. (à suivre...)