Résumé de la 2e partie n Accusé par sa belle-s?ur d?avoir assassiné son mari, Luigi court avertir les carabiniers de la disparition de son frère. On perquisitionne son domicile où des habits tachés de sang sont découverts. Le lieutenant a un air de triomphe. «Alors, on fait moins le fier, à présent. Qu'avez-vous à répondre à cela ?» Luigi s'est laissé tomber sur une chaise. Il est atterré. Il bredouille : «Je ne comprends pas... Il a dû se passer quelque chose. Je ne comprends pas...» L'enquête est pour ainsi dire terminée. Luigi Sebastiani est arrêté et inculpé du meurtre de son frère. Quelles preuves pourraient être plus accablantes que les vêtements sanglants retrouvés chez lui ? D'autant que le mobile est évident. Gina accuse formellement son beau-frère, et tout le village avec elle. Au procès, qui s'ouvre six mois plus tard, Luigi Sebastiani et son avocat se défendent de leur mieux. Ils insistent, en particulier, sur le seul point faible de l'accusation : on n'a jamais, malgré tous les efforts de la police, retrouvé le corps. Peut-on parler d'assassinat, alors qu'on n'a même pas la preuve qu'il y a meurtre ? Mais dans sa déposition, le lieutenant balaie avec facilité cet argument. «On sait très bien comment pratiquent les criminels en Sicile. Dans l'île, chaque année, il y a plusieurs cas de meurtres sans cadavre. La montagne et la mer offrent suffisamment de possibilités.» A l'issue des débats, Luigi Sebastiani, qui n'a jamais cessé de clamer son innocence, est condamné à la prison à perpétuité. C'est le maximum ; la peine de mort n'existe plus en Italie. Il fait appel, mais son pourvoi est rejeté. Et il est expédié au bagne, dans une île au large de Rome. A Santa Rosanna, après ces événements dramatiques, la vie reprend son cours. Les gens oublient peu à peu les deux frères Sebastiani. Un oubli qui ne durera pas plus de sept ans. Octobre 1961. Très loin de l'Italie, à New York, un jeune homme se présente à la police. Il a le type méditerranéen et parle avec un fort accent italien. Il semble bouleversé. «Ecoutez. Je suis venu aux Etats-Unis il y a trois mois. Je m'appelle Adriano Ruffi. Hier, j'entre dans un bar pour boire un verre et je vois derrière le comptoir mon beau-frère, Mario Sebastiani, celui qui a épousé ma s?ur Gina.» Le fonctionnaire de police, que ces histoires de famille ont l'air d'intéresser médiocrement, hoche la tête par pure politesse. Mais l'Italien s'anime de plus en plus. «Mario Sebastiani devrait être mort ! Je lui ai dit : ?C'est toi, Mario ?? Il a fait semblant de ne pas me reconnaître et il est parti. Il faut faire quelque chose.» Le policier américain sourit tout en mâchant son chewing-gum. «Eh bien, voilà... Vous avez rencontré votre beau-frère au bar et vous avez bu un peu trop avec lui. Bon, maintenant, j'ai à faire.» Mais le jeune homme insiste. Dans un mauvais anglais, il essaie d'expliquer toute l'histoire. Un homme a été condamné en Italie pour le meurtre de Mario Sebastiani. A l'heure actuelle, il est encore au bagne. Lui, il n'a jamais été, comme sa s?ur, vraiment sûr de sa culpabilité. Et maintenant, il est certain du contraire. C'est une machination. En face de lui, le policier se gratte le menton. Il se demande s'il doit tout de suite coffrer l'individu pour éthylisme ou demander d'abord l'avis de ses supérieurs. Dans le doute, il opte pour la deuxième solution. Son chef est un homme prudent, méticuleux. Il décide de se renseigner. Il fait demander à la police italienne si elle a connaissance d'un certain Mario Sebastiani. La réponse arrive sans tarder. «Il a été assassiné le 7 octobre 1954, à Santa Rosanna en Sicile. Son meurtrier, Luigi Sebastiani, purge actuellement une peine de réclusion à perpétuité dans un bagne. Le cadavre de la victime n'a jamais été retrouvé.» La dernière phrase du message produit une curieuse impression sur le policier. Il convoque le barman dans son bureau. (à suivre...)