Résumé de la 1re partie n Au moment où les Français s?emparent d?Alger, en 1830, la ville avait derrière elle une histoire plusieurs fois millénaire. La désagrégation des royaumes maghrébins, à la fin du XVe siècle, va encourager les Espagnols, qui tenaient à prendre leur revanche sur plusieurs siècles de domination musulmane sur leur sol. Et puis, en dépit de l?achèvement de la Reconquista, le péril musulman demeurait dans la péninsule : les Maures, qui y demeuraient pouvaient, à tout moment, s?insurger, comme c?est le cas, à Grenade, en 1501? Les musulmans chassés d?Espagne et réfugiés au Maghreb, pensait-on, ne cessaient d?inciter à la révolte leurs frères demeurés sur place. On se rappelle les projets délirants du cardinal Ximenez de Cisneros, enflammant les esprits contre les Maures, incitant la soldatesque espagnole à s?emparer des villes côtières et à convertir de force ou à faire périr les mécréants. C?est ainsi que Mers El-Kébir est occupé en octobre 1505, puis Oran où le cardinal en personne fait procéder à l?exécution de 4 000 personnes et convertit en églises les deux principales mosquées de la ville, puis Béjaïa, qui tombe après une courte résistance? Après la prise d?Oran et les massacres qui y ont été commis, plusieurs villes de la côte algérienne prennent peur et décident, pour ne pas subir le même sort, de payer un tribut aux Espagnols : c?est le cas de Dellys, Cherchell et Mostaganem. Ténès, qui était très vulnérable, avait déjà passé un accord avec les Espagnols avant la prise d?Oran. Alger a accepté de livrer à Pedro Navarro un des îlots de son port où va être construit le Penon, le rocher, une forteresse dont les canons, pointés sur la ville, vont peser comme une menace. C?est alors que les notables qui la dirigent, sous la direction du cheikh Salim Toumi, décident de faire appel à l?aide d?un corsaire turc, Baba Aroudj, qui vient de remporter de francs succès contre les Espagnols. Certes, Aroudj, comme tous les corsaires, a des mobiles matériels évidents, mais c?est aussi un homme qui s?est posé, dès son arrivée au Maghreb, comme un défenseur de l?islam et des musulmans. Il s?est emparé de plusieurs vaisseaux ennemis et a tenté d?arracher Béjaïa aux Espagnols ; il a aussi aidé à évacuer de nombreux musulmans persécutés d?Espagne, qu?il a installés sur les côtes maghrébines. Arrivé à Alger en 1515, Aroudj organise la défense de la ville mais il ne parvient pas à déloger les Espagnols du Penon. On veut faire partir les Turcs et une conspiration éclate au cours de laquelle Selim Toumi est tué. Aroudj prend le pouvoir et fait de la ville une place forte dans la lutte contre les Espagnols. Après la mort de Aroudj, ses frères, désignés sous le nom collectif de Barberousse, lui succèdent. Son frère Kheïreddine sera considéré comme le fondateur de la Régence d?Alger, qu?il va placer sous l?autorité de l?empire ottoman. La petite ville va devenir la capitale d?un puissant Etat qui va tenir tête pendant trois siècles aux puissances chrétiennes. (à suivre...)