Vision n Le développement de la Kabylie dépend de ses habitants qui peuvent décider ou «d?avancer avec les autres wilayas du pays ou de régresser au moment où les autres progressent». Tel est le message sur lequel a beaucoup insisté le président Abdelaziz Bouteflika en visite hier dans la wilaya de Tizi Ouzou dans le cadre de la campagne pour la réconciliation nationale. Lors du meeting qui s'est tenu au stade du 1er-Novembre, la Kabylie s?est présentée au premier magistrat du pays dans toute sa réalité : chahuts et applaudissements se sont disputés toute la durée du discours. Entre ceux acquis à sa démarche et ses opposants, le premier magistrat du pays s?est beaucoup plus adressé à ces derniers, sur qui repose l?avenir de leur région. «Vous êtes très en retard par rapport à d?autres wilayas; pourtant, l?argent, les projets et les hommes existent», lance-t-il en direction de la foule. A ceux qui scandaient «Pouvoir assassin», il dira : «Le pays ne se construit pas avec les slogans, le chahut, l?anarchie ou la violence, ni à partir du banc de l?opposition. Il se construit avec ses hommes et ses femmes, avec le travail, la participation de tous pour des solutions concrètes. A vous de savoir ce que vous voulez?» Le président de la République dira qu?il n?est pas trop tard pour rattraper le retard en matière de développement qu?enregistre la Kabylie qui a vécu et le terrorisme et les évènements d?avril 2001 avec leurs conséquences sur l?économie locale. Tout en rappelant la consistance du programme quinquennal, il dira : «L?obstacle psychologique doit être brisé» chez les habitants de la région. Allusion faite au rejet automatique par ces derniers de tout ce qui rappelle l?Etat. La situation que vit la Kabylie, Abdelaziz Bouteflika l?imputera aux partisans de «l?opposition pour l?opposition», ceux qui veulent singulariser la région, ainsi qu?aux automatismes. C?est ainsi qu?il dira à propos de tamazight qu?elle ne doit pas être la propriété d?une personne ou d?un parti politique, qui en font un fonds de commerce.A propos du projet de la charte pour la paix et la réconciliation nationale, il dira : «Tout le monde s?y retrouve» et de poursuivre : «Est-ce que parce qu?on n?a pas participé à l?élaboration du texte qu?on doit dire non ? Si le texte est bon votez oui, s?il ne l?est pas votez non. Nous sommes sortis de l?ère du parti unique et nous voulons construire une démocratie réelle.» «Nous voulons des faits», disent les citoyens l Le discours du président de la République a été différemment apprécié. Au sortir du stade, nous avons recueilli l?avis de quelques personnes. Si celles âgées se disent pour la paix et la réconciliation nationale, ce n?est pas le cas des jeunes. «Nous attendions qu?il annonce tamazight langue officielle et il ne l?a pas fait», nous lancent Farid, Mohand et Malik. Un autre groupe de jeunes parmi ceux qui chahutaient le meeting nous renchérissent: «Nous ne croyons plus aux paroles, nous voulons des faits, et en Kabylie nous ne voyons aucun nouveau projet, l?Etat n?a fait que relancer ceux qui étaient à l?arrêt depuis 20 ans.» Hocine interviendra pour dire que «les choses commencent à changer, il faut maintenant régler le problème du chômage, sinon il ne restera aucun jeune en Kabylie.» Tous ne parlent que de «l'étranger». Un délégué des ârchs estime, pour sa part, que «la réconciliation nationale est la solution idoine pour construire la Kabylie. Elle ramènera la stabilité nécessaire à l?application de la plate-forme d?El-Kseur. Elle est l?espoir de la région en matière de développement et de relance économique.»