Deuil n La famille Zerouk a vécu un double drame. Quatre des siens ont été tués par le groupe de Napoli. Elle est pour le «oui». Smaïn est un jeune policier. Il a perdu quatre membres de sa famille : son frère Rachid, 29 ans, a été tué, le 9 septembre 1993, lors du mariage de sa s?ur Kenza, alors que le cortège l?attendait. Depuis, Smaïn ne rentrait plus chez lui. Il dormait au commissariat du Ve arrondissement, comme la majorité des effectifs de la police. Le 3 juillet 1996, les terroristes, en tenue de policier et encagoulés, sont revenus chez les Zerouk. Ce jour-là aussi, on célébrait un mariage. Leur domicile, au 12 rue Père et Fils Boudriès, (ex-rue de Thèbes) à la Casbah, abritait le mariage d?un voisin. 18 terroristes sont entrés pour commettre leur forfait. Un triple meurtre par arme à feu et à l?arme blanche, sur la mère de Smaïn, 61 ans, sa s?ur Leïla, 22 ans, et le jeune frère Sid Ali, 19 ans. Les terroristes, non contents d?avoir tué trois membres d?une même famille, ont également emporté avec eux l?or et l?argent. Ce jour-là, Kenza, sa belle-s?ur Souad et une autre belle-s?ur échappent au pire. Elles se sont fait passer pour des voisines, selon Souad. Son époux Djamel est sûr que «90 % des terroristes qui commettaient des meurtres à la Casbah étaient des voisins. Le jour du triple assassinat de ma mère, de ma s?ur et de mon frère, il y avait parmi les terroristes, deux infirmiers qui habitaient le voisinage.» Il ajoutera : «Le même jour, ils sont rentrés dans plusieurs maisons où habitent des familles de policiers et de gendarmes. Ce matin-là, un cordonnier a été tué, parce qu? il était le père d?un gendarme.» Le frère à Smaïn confie qu?«un mois avant le meurtre de son frère Rachid, les terroristes l?avaient invité à rejoindre leurs rangs, Smaïn a été sommé de quitter la police. Il a refusé. Il l?a chèrement payé. Malgré cela, il a continué à travailler, pourtant son état psychologique ne lui permettait plus de continuer, car il n?a jamais pu faire son deuil.» En 2002, Smaïn quitte l?Algérie pour s?établir en Allemagne. Il a fait un abandon de poste. Il revient au pays en 2004 pour réintégrer la police. A ce jour, sa demande est toujours sans suite. Interrogée sur la réconciliation, la famille Zerouk votera «oui», y compris Smaïn, car cette famille est attachée aux valeurs de l'islam dont le pardon fait partie. La famille Zerouk conclura : «Nous n?oublierons jamais, mais nous sommes pour la réconciliation nationale pour ne plus revivre les horreurs et le deuil. Surtout pour nos enfants. A chaque Mawlid Enabaoui, lorsque des pétards explosent, ce sont les souvenirs horribles qui nous submergent impitoyablement.» Aujourd?hui, Smaïn ainsi que son frère Djamel, qui a été également poignardé par des inconnus en 1994, ne travaillent pas et ont réintégré le domicile familial, là où le double drame a été commis. Smaïn, dont l?épouse et les enfants vivent chez les parents maternels, ne supporte plus de vivre dans la maison où quatre des siens ont été tués à cause de son statut de policier. Sa belle-s?ur lance : «S?ils pardonnent aux terroristes, ils devraient pardonner à mon beau-frère d?avoir abandonné son poste.» Smaïn attend toujours.