Mus par le besoin de trouver une oreille attentive à leurs doléances, «les mutilés de la voix», soutenus par un personnel médical avéré et «battant», décident de monter au créneau pour se constituer en association capable d?élever leur voix. C?est ainsi qu?une assemblée générale élective s?est tenue, hier, au service ORL du CHU Mustapha, à l?effet d?élire le bureau. Encore embryonnaire, ce premier noyau, qui s?invite à intégrer légalement la famille associative algérienne, est composé de membres éminemment formés, notamment en médecine, orthophonie/psychologie, architecture et ingénierie. Cette première composante renseigne sur le degré de maturité et d?instruction qui caractérisera désormais les revendications défendues et soutenues auprès des organismes de sécurité sociale et administrations concernés, présentés souvent réfractaires. Rappelons que dans les années 1985, une association représentant cette frange de malades avait vu le jour, mais, pour «absence de motivation», celle-ci s?épuisa et resta inaudible. Aujourd?hui, les choses semblent avoir changé et les membres de cette association se disent conscients et déterminés. Selon Mme Boukhari, orthophoniste et fraîchement élue vice- présidente, ce sont le niveau d?instruction et l?âge des malades qui ont changé la donne par rapport aux années passées, où «les mutilés de la voix étaient illettrés et âgés». Désormais, les pouvoirs publics auront affaire à des «connaisseurs éveillés et qui savent lire et écrire», ne militant que pour acquérir la reconnaissance de la qualité de handicapé professionnel et conquérir les droits et avantages légitimes. Il faut signaler que parmi les problèmes qui ont été soulevés lors de cette assemblée générale, notamment par les professeurs Djenaoui, le président d?honneur, Bouchenak, élu président, l?on citera le manque flagrant d?orthophoniste/psychologue, l?indisponibilité de prothèses phonatoires qui coûtent jusqu?à 24 000 DA, de canules, de bavettes filtrant l?air respiré coûtant plus de 1 000 DA, qui sont des consommables indispensables à la phase post-opératoire. Ces quelques produits médicaux cités en exemple ne sont, de surcroît, pas remboursés par la sécurité sociale, se plaignent «les mutilés de la voix».