De l?avis de nombreux psychologues, il serait urgent de changer la relation entre les enseignants et leurs élèves. «Ce n?est un secret pour personne, qu?il existe des élèves d?une extraordinaire intelligence mais faute d?une bonne relation avec l?instituteur ou un manque de suivi de la part des parents, ils ne parviennent pas à se révéler dans le cadre de l'école. Il leur arrive de se heurter à une matière en particulier ou à afficher une résistance à tout apprentissage, voire une indiscipline totale au cours de leur scolarité, parce que quelque chose les inquiète profondément. Il est donc du devoir de l?enseignant de s'adapter, de trouver les points d'appui nécessaires», explique Brahim Chaiah, psychologue. «Un enseignant qui laisse de côté un pan entier de sa classe, car il est plus soucieux de boucler le programme de l'année que l?assimilation de celui-ci par ses élèves, ne peut pas se sentir bien. Ce qui laisse penser que certains enseignants ne trouvent aucun plaisir à transmettre le savoir», enchaîne-t-il. De leur côté, les pédagogues attestent qu'«un enseignant ne peut pas s'en sortir tout seul : les leviers passent par un travail collectif». Beaucoup sont même persuadés qu'un enseignant qui souffre d'isolement ne peut que maltraiter ses élèves, consciemment ou pas. «Un prof est un passeur de savoir. Celui qui se plie aujourd'hui aux dispositions d'une éducation nationale figée dans ses habitudes ne peut que se sentir en décalage avec l'ensemble de la société», témoignent deux enseignants du lycée El-Idrissi, sous le couvert de l?anonymat. «L'Education nationale n'encourage que ceux qui font cours dans le calme. Que toute la classe dorme, on ne le remarque presque pas. Notre système éducatif est si hiérarchisé, si verrouillé qu?il infantilise même les adultes. Au lieu d?encourager l'inventivité, on mutile les intelligences et la violence devient, ainsi, une logique agréée et consentie».