Espoirs n La mère de Mohamed est fière de sa démarche. Elle désire un travail et un logement pour son fils. Elle dit «oui» à la réconciliation. Il est 10h 30, le hameau de la cité rurale à Chebli est pratiquement vide. Quelques vieux se tiennent à l?angle d?une maisonnette près du vendeur de cigarettes. Plus loin, une allée, bordée de maisonnettes délabrées ou aux murs qui n?ont peut-être jamais été repeints. Au milieu de cette allée stagne de l?eau usée, au bout, à gauche, une entrée principale. Un simple sac de semoule fait office de portail. Une première maison d?où sont sorties des femmes curieuses de voir qui leur rend visite. «Personne ne vient nous voir d?Alger. D?ailleurs, nous ne voyons les personnalités qu?à la veille d?une échéance électorale», ont noté les jeunes du village, plus tard. C?est dans la deuxième maison, dont l?état n?est en rien différent des autres, que la mère Hemili a accepté de raconter avec fierté le repentir de son fils. «Mohamed avait à peine 18 ans, en 1994, lorsqu?il a rejoint le maquis. Il a suivi les terroristes des environs qui l?ont entraîné avec eux. Il s?est marié pendant cette période. En 1996, il est revenu avec la loi sur la rahma. Il s?est rendu. Je l?ai emmené moi-même aux autorités. C?est alors que nous avons fui El-Qarya, pendant qu?il était en prison à Boufarik. Nous nous sommes installés à l?hôpital pendant une année, car nous avions peur des représailles. Il faut dire que pendant le séjour de mon fils au maquis, nous avons vécu dans la peur et la persécution. C?est seulement depuis que les patriotes ont pris les armes pour défendre la région que les choses se sont arrangées. Du côté des autorités nous n?avons pas été inquiétés.» La mère Hemili profite de l?occasion pour lancer un appel aux irréductibles pour «se rendre sans crainte». Aujourd?hui, Mohamed est au chômage et n?a aucun revenu. Il est père de deux enfants qui ignorent que leur père était un terroriste. Sa mère atteste que son fils «n?a pas les mains tachées de sang». Elle considère qu?«il a payé sa dette à la société». Son seul souci est que son fils ait un travail et un logement. C?est pourquoi elle dit «oui» à la réconciliation nationale. Pour cette femme, «réconciliation et amnistie sont synonymes».