Lien n Les deux cousins, qui ont grandi ensemble et qui s?aiment, sont promis à une vie paisible et heureuse. Avant d?entrer chez lui, Malek, comme il le fait à chaque fois qu?il rentre, va jusqu?à la porte de la maison de son oncle et pousse doucement le portail. Djamila est là, en train de laver du linge, ou plutôt feint de laver du linge. Dès qu?elle l?aperçoit, elle accourt vers lui. ? Bonsoir ! dit-il en souriant. Il plonge la main dans sa poche et tire des chocolats. ? C?est pour toi, dit-il. ? Merci, dit-elle. Elle regarde furtivement pour voir si personne ne vient, mais comme les enfants ne sont pas encore rentrés de l?école et que les hommes sont au travail, il n?y a pas de danger ; Fatima, la mère est à la cuisine et les deux belles-filles sont occupées dans leur chambre. Depuis que Djamila a arrêté ses études, elle n?a plus tellement l?occasion de voir son cousin. Elle sort rarement, toujours accompagnée de quelqu?un, et quand elle se rend chez lui, à côté, il y a toujours quelqu?un. Les deux cousins s?aiment secrètement depuis longtemps et ils projettent de se marier. Si Malek n?a pas encore demandé sa main, c?est uniquement parce qu?il veut d?abord faire son service militaire. Il a fini ses études depuis une année et il travaille dans une administration du bourg. Ses parents ne verraient aucun inconvénient à ce qu?il épouse sa cousine, et ce n?est pas son oncle qui refuserait de lui accorder la main de sa fille. Les deux familles, qui habitent des maisons mitoyennes, s?entendent bien et, dans ces régions encore imprégnées par l?esprit rural, le mariage de cousins germains reste le mariage préférentiel. Ce jour-là, Malek est venu dire au revoir à Djamila. ? Demain, je rejoins la caserne, dit le jeune homme. La jeune fille le regarde, émue. ? Ne sois pas triste, dit-il, je reviendrai en permission ! ? Pourrons-nous nous revoir ? demande la jeune fille inquiète. ? Bien sûr? Et avant même de finir mon service, je demanderai ta main ! Djamila rougit et baisse les yeux. Il lui prend la main. ? Tu ne veux pas ? Elle secoue la tête. ? Tu veux, n?est-ce pas ? Il lui montre la maison. ? J?espère seulement que ma mère aura trouvé une épouse à mon frère Tahar? Il serait inconvenant que je me marie avant mon aîné ! Mais si d?ici là, on lui trouve une femme, nous pourrons nous marier tous les deux ! Tu es d?accord ? ? Oui, dit Djamila. Elle lève les yeux vers ce cousin qu?elle aime et qui l?aime et lui sourit. L?avenir est ainsi tracé. Les deux cousins, qui ont grandi ensemble, sont promis à une vie paisible et heureuse. Une vie que beaucoup de jeunes gens dans cette petite ville rêvent de vivre? (à suivre...)