Projection n Il était une fois dans l?oued est un film du réalisateur algérien Djamel Bensalah, un beur, qui a été présenté samedi, en avant-première, à la salle L?Algeria. Le film dont les rôles sont joués par des comédiens connus tels que Sid Ahmed Agoumi, Eric et Ramzy ou encore Elie Seymoun, met en scène deux personnages au caractère antagoniste, deux personnalités différentes, mais qui se rejoignent aboutissant à une entente amicale. Yacine est un Algérien qui n?affiche pas le moindre intérêt pour ses origines. Tandis que Johnny, un pur Français, moitié normand, moitié alsacien, se veut Algérien de sang. Il va jusqu?à prétendre une origine algérienne et imaginer une terre natale. Il n?en reste pas là : il se fait musulman et se fait baptiser Abdelbachir. Il revêt en somme une identité nouvelle, algérienne. Les deux potes vivent en France, dans une banlieue parisienne. Un jour, Yacine s?en va avec sa famille au bled pour passer les vacances d?été. Johnny, convaincu de ses racines algériennes, est du voyage, histoire d?effectuer un retour aux sources. Là, commence l?aventure. Les péripéties sont curieuses, exubérantes et hilarantes. Mais aucune n?évoque d?une manière réelle et probante le vécu algérien. Il y a trop d?exagération dans la représentation de la société algérienne, ses m?urs ; il y a un excès de parades et une exhibition extravagante de coloris ; il y a, pour tout dire, un décalage entre cette vie de tous les jours que nous connaissons, une existence palpable et vécue, et cette image d?une Algérie complètement métamorphosée, quasiment méconnaissable. En fait, le film traduit un regard, celui d?un beur, le réalisateur démesurément orienté vers l?Algérie, ses gens et ses m?urs, jusqu?au point d?altérer son authenticité et de tisser autour nombre d?artifices et de mystifications. Il se trouve en effet que ce regard provenant de la «métropole», voire du centre et allant vers la périphérie, est incompatible avec notre réalité et ne la reflète nullement. Il est truffé de clichés et d?images surréalistes, voire inimaginables. L?Algérie s?avère tronquée de sa vérité. Elle est stéréotypée, voire copieusement caricaturée à travers des comportements excentriques, bien décalés du vécu, car le regardant, un beur né et vivant en France, perçoit pratiquement l?ailleurs par le biais du prisme occidental-français.