Les dénominations de l?esclave sont souvent utilisées comme noms trompe-la-mort. Dans le passé, l?esclave représentait, en effet, le plus bas degré de l?échelle sociale. Homme ou femme privé de liberté, il est taillable et corvéable à merci, son maître pouvant en disposer comme bon lui semble. L?esclave est souvent d?origine africaine, c?est-à-dire un Noir, mais il y a aussi des esclaves blancs, puisque l?esclavage n?est pas une question de race mais une condition sociale : on le devient à la suite d?un enlèvement, d?une défaite, d?une occupation étrangère, etc. On sait aussi que la tradition musulmane multiplie les occasions d?affranchissement des esclaves ; ainsi, le manquement à un dogme de la religion est rattrapé par un jeûne, de la nourriture donnée à des pauvres ou l?affranchissement d?esclaves ; c?est le cas aussi d?un péché grave ou d?un rite qu?on n?a pas accompli au pèlerinage par exemple, qui peuvent être expiés aussi par le rachat d?esclaves. Le nom arabe de l?esclave, abid, était autrefois un prénom très utilisé, non seulement au Maghreb, mais aussi en Orient et quelques personnages célèbres le portaient. Aujourd?hui, il n?est plus attesté que sporadiquement, mais il entre dans la composition des prénoms issus de Noms divins, Abdallah, Abdelkrim, dont nous traiterons ultérieurement. Une autre dénomination de l?esclave persiste. Il s?agit de Lossif qui provient du classique wacîf (domestique, serviteur, esclave).