Développements Les putschistes n?empêcheront pas le président déposé de rester dans son pays. Le président bissau-guinéen, Kumba Yala, renversé par un coup d'Etat militaire va rester en Guinée-Bissau, selon une source militaire citée, hier, l'agence de presse portugaise Lusa. Le président déposé, arrêté dans la nuit de samedi à dimanche par les auteurs du soulèvement et détenu avec son Premier ministre Mario Pires au quartier général des forces armées, regagnera son domicile à Bissau «dans quelques jours», a indiqué cette source. Il sera placé sous étroite surveillance militaire et privé de toute fonction. Cette source a déclaré ignorer si le «Comité militaire pour le rétablissement de l'ordre constitutionnel et démocratique», mis en place par la junte, voulait traduire Kumba Yala devant les tribunaux. En outre, un couvre-feu a été décrété par les putschistes. Il a été appliqué à partir de 19h00 locales (même heure GMT) et devait être levé, aujourd?hui, à 06h00, ont précisé les militaires dans un communiqué. Ce communiqué a été diffusé par une radio privée, Radio Bombolong, utilisée par les putschistes depuis hier matin, ainsi que par la radio nationale, dont les émissions, suspendues dimanche matin, ont repris dans la journée. La junte se présente comme un «Comité militaire de restitution de l'ordre constitutionnel et démocratique (Cmrocd)» dirigé par le chef d'état-major général des armées, le général Verissimo Seabra Correia. Le coup d'Etat a suscité la condamnation de principe de nombreux pays, même si les termes de cette réprobation ont semblé très mesurés du fait de la profonde instabilité politique et économique qui régnait dans le pays. La réaction la plus vive est venue du Nigeria ? déjà très actif il y a quelques mois pour faire capoter le soulèvement d'une autre terre lusophone d'Afrique, Sao Tomé et Principe ? dont le ministère des Affaires étrangères a indiqué qu'il «condamnait fermement l'acte grossier des militaires bissau-guinéens». Le président de l'Union africaine (UA) Joaquim Chissano, également président du Mozambique, a condamné le coup d'Etat : «En ma qualité de président de l'Union africaine, je condamne sans équivoque ce coup d'Etat», a-t-il déclaré.«Je ne suis pas surpris de ce coup, en raison de la détérioration de la situation politique en Guinée-Bissau», a toutefois déclaré le président mozambicain. M. Chissano a souligné que la solution ne passait «pas nécessairement» par le retour de Kumba Yala au pouvoir, mais par un compromis sauvegardant «les intérêts suprêmes du peuple guinéen». Le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU pour l'Afrique de l'Ouest, Ahmedou Ould Abdallah, a, quant à lui, appelé à la tenue des législatives comme prévu le 12 octobre.