Escalade n Avant même que les résultats des élections législatives ne soient officiellement rendus publics, la tension est déjà montée de plusieurs crans. Un «assaillant» a été tué ce dimanche à Bissau lors d'une attaque contre la résidence du président Joao Bernardo Vieira, a indiqué un responsable du ministère bissau-guinéen de l'Intérieur qui a fait état de «plusieurs blessés» parmi les forces loyalistes. «Nous avons réussi à arrêter plusieurs militaires», a ajouté la même source. «Il est possible qu'une partie de l'armée, restée fidèle à l'ex-président Kumba Yalla, dont le parti pour la rénovation sociale (PRS, opposition) n'est arrivé qu'en deuxième position (lors des législatives du 16 novembre, ndlr), veuille se faire entendre», a estimé un diplomate. Le président bissau-guinéen a immédiatement après appelé son voisin le président sénégalais Abdoulaye Wade et l'a informé de la mutinerie. «Le président bissau-guinéen a appelé le président Wade pour l'informer que des soldats avaient ouvert le feu sur sa résidence», a indiqué le porte-parole du chef de l'Etat sénégalais. En début de matinée, la situation était «apparemment maîtrisée», a-t-il ajouté. À l'origine de la mutinerie, selon un militaire bissau-guinéen, «une dispute qui a éclaté entre militaires de la garde présidentielle, nouvellement affectée à la résidence, et des éléments de la police d'intervention rapide chargée depuis le 6 août (date d'une tentative de coup d'Etat) de la sécurité du chef de l'Etat». «Il y a eu un échange de tirs», a ajouté la même source. Quelques heures plus tard, des «coups de feu» ont été entendus près de la caserne de Mansoa (70 km de la capitale), une des plus importantes casernes du pays. Ces violences interviennent juste après la publication provisoire des résultats des élections législatives du 16 novembre. Selon ces résultats publiés vendredi, l'ex-parti unique de Guinée-Bissau, qui a globalement dominé la vie politique de l'ex-colonie portugaise depuis l'indépendance en 1974, a remporté sans surprise les élections. Les résultats définitifs doivent être proclamés mercredi. La situation était «sous contrôle» ce dimanche matin après l'attaque, selon l'état-major de l'armée, qui a confirmé que la zone où habite le chef de l'Etat est «entièrement quadrillée par nos éléments». Pour sa part, L'Union africaine ( UA) a rejeté «par avance» ce dimanche matin «toute tentative de prise de pouvoir par la force» en Guinée Bissau. Le président de la Commission de l'Union africaine (UA) Jean Ping a exprimé sa «très grave préoccupation» quant à «la dégradation de la situation» en Guinée Bissau et réaffirmé «le rejet total par l'UA de tout changement anti-constitutionnel de gouvernement». En rappelant que le scrutin du 16 novembre s'est déroulé «dans des conditions jugées satisfaisantes par l'ensemble des observateurs internationaux, y compris ceux de l'UA», M. Ping souligne que ces élections «ont connu une participation massive, attestant ainsi l'attachement du peuple bissau-guinéen à la démocratie». Les Nations Unies avaient également jugé lundi que les élections avaient été dans l'ensemble «transparentes et ordonnées».