L'importance de l'étude scientifique sur «le plumage des poulets pour mesurer la vitesse des tornades» serait hélas passée inaperçue sans les anti-Nobel, décernés jeudi comme chaque année à Harvard lors d'une décision où la dérision est reine. Sans la volonté de Marc Abrahams, fondateur des anti-Nobel, les recherches scientifiques les plus loufoques tomberaient chaque année dans les oubliettes de l'histoire. Créées en 1991, ces récompenses qui couronnent des travaux «ne pouvant ou ne devant pas être reproduits» sont l'occasion de rassembler dans la prestigieuse université d'Harvard un parterre de scientifiques qui se distinguent les uns des autres par leur esprit farfelu. Les gagnants d'anti-Nobel ont ainsi été récompensés pour avoir conduit des études sur l'impact de la musique country sur le suicide et l'effet de la bière, de l'ail et de la crème fraîche sur l'appétit des sangsues. Abrahams a créé ces anti-Nobel (Ig-Nobel pour ignobles) avec l'objectif «d'abord de vous faire rire et ensuite de vous faire réfléchir». «Certains ont fait des choses vraiment incroyables», explique-t-il. Il y a aussi un Ig-Nobel de la paix. L'an dernier, il a été décerné à Daisuke Inoue, le Japonais créateur du karaoké, récompensé pour «avoir inventé une nouvelle manière d'apprendre aux gens à se tolérer les uns les autres». Le comité de sélection ? un groupe qui ?uvre dans l'ombre ? doit faire son choix, selon Abrahams, parmi quelque 5 000 projets. Les gagnants sont alors discrètement contactés avant la cérémonie pour leur laisser la possibilité de décliner cette offre. Mais, en fait, ils sont peu nombreux à résister à cette récompense et sont même beaucoup à venir recevoir leur prix en personne et à leurs propres frais.