Cette dernière superproduction russe, qui bat tous les records du box-office en Russie, se veut le premier grand film consacré aux héros d'Afghanistan vingt ans après ce conflit dans lequel s'était embourbée l'URSS. Un Apocalypse now à la russe. Le film, qui met en scène une brigade de l'Armée rouge, de son entraînement à son massacre, suscite un engouement sans précédent en Russie avec plus de deux millions de spectateurs, jeudi, une semaine jour pour jour après sa sortie, et des recettes inédites frôlant déjà les huit millions de dollars. Ce film, le plus gros budget du cinéma russe avec neuf millions de dollars, vient combler un vide dans une filmographie peu diserte sur cette cinglante défaite de l'armée soviétique au terme de dix ans de guerre, de 1979 à 1989. La presse consacre de larges articles à ce film-épopée, qui est loin de la remise en cause critique de nombre de films américains sur le Vietnam, même s'il est comparé à Apocalypse now de Francis Ford Coppola. Le magazine culturel Aficha y voit «la première canonisation des soldats» d'Afghanistan. L'Union des anciens combattants d'Afghanistan approuve un film «fidèle à la réalité». Les spectateurs applaudissent longuement dans une grande salle de cinéma du centre de Moscou et la première chaîne de télévision publique a déjà racheté les droits du film. D'où vient ce succès sans précédent ? Outre une imposante publicité et des recettes classiques d'un film d'action, il s'explique par un souci grandissant, ces dernières années en Russie, de créer des héros nationaux, des modèles de patriotes et de valoriser une histoire commune, soulignent des critiques. Ces observateurs mettent en garde contre un film qui, loin de mettre en lumière l'impasse de la guerre d'Afghanistan, fait l'apologie du collectif à travers cette brigade de jeunes venue de toute l'URSS ? du blond Moineau au Tchétchène surnommé Pinochet ?, réincarnant le mythe de l'amitié des peuples au sein du bloc soviétique.