Evénement n Plus de 15,5 millions d'Irakiens sont appelés aux urnes samedi prochain, dans un pays secoué par la violence, pour un référendum sur une nouvelle Constitution. Chaque électeur aura à cocher oui ou non sur un bulletin de vote portant une seule question : «Approuvez-vous la Constitution ?», un texte âprement discuté par les principales forces politiques. Le référendum est présenté par les autorités et les Américains comme un pas important sur la voie d'un retour à une souveraineté totale du pays, où l'armée américaine continue de maintenir quelque 140 000 soldats. Le texte a les faveurs des chiites, majoritaires en Irak, et des Kurdes, les deux piliers de la coalition gouvernementale qui a émergé des élections du 30 janvier, mais les sunnites estiment qu'il contient, en reconnaissant le fédéralisme, les germes d'une division du pays. Aux chiites du sud du pays, riche en pétrole, cette future Constitution offre la possibilité de constituer un embryon d'Etat en rassemblant plusieurs provinces en une seule région. En août, le chef du Conseil suprême de la révolution islamique en Irak (CSRII), Abdel Aziz Hakim, a jeté un pavé dans la mare en affirmant voir «une nécessité à une zone autonome dans le centre et le sud de l'Irak étant donné les liens communs entre les habitants de cette région», à majorité chiite. Cette déclaration du chef du premier parti représenté au Parlement n'a pas gêné les Kurdes qui disposent déjà d'une région autonome regroupant trois provinces dans le Nord. En revanche, elle a provoqué un tollé chez les sunnites, présents surtout dans l'ouest et le nord du pays. «Le fédéralisme est un complot visant à démembrer» l'Irak, a tonné cheikh Mehdi al-Soumaïday, membre du Comité des oulémas musulmans, la principale association religieuse sunnite. Par ailleurs, la campagne référendaire bat son plein sur les télévisions, dans la presse et les radios à cinq jours du vote sur le projet de Constitution pour convaincre les Irakiens de se rendre aux urnes et tourner définitivement la page de Saddam Hussein. Certaines rues de la capitale irakienne sont couvertes d'affiches appelant les électeurs à aller voter, les chaînes de télévision locales et satellitaires diffusent en boucle des spots sur le texte, les journaux publiant, de leur côté, des explications détaillées pour le scrutin. Les quotidiens impriment également de courts extraits du texte, qui a commencé à être distribué à près de 5 millions d'exemplaires, notamment dans les marchés de Bagdad avec les rations alimentaires.