Sensibilisation n Un documentaire sur le trafic des objets d'art en Afrique suscite réflexions et préoccupations. Le réalisateur burkinabé Nissy Joanny Traoré vient de réaliser un nouveau documentaire de sensibilisation sur le trafic des biens culturels en Afrique. Projeté dernièrement en avant-première à Ouagadougou, le film, intitulé Mamio, l'exil des Dieux, vise, en effet, à informer et à sensibiliser l'opinion nationale et internationale «sur les dangers que représentent le trafic et le pillage des objets d'art au Burkina Faso et en Afrique», dira M. Traoré. Les initiateurs de ce projet ambitionnent également, selon le réalisateur, de contribuer à la sauvegarde et à la promotion du patrimoine matériel et immatériel de l'Afrique. Réalisé en collaboration avec des chercheurs en histoire et archéologie des universités de Ouagadougou au Burkina Faso et de Niamey, au Niger, avec le soutien du ministère burkinabé en charge de la Culture, ce film a été tourné dans trois pays de la sous-région, à savoir le Burkina Faso, le Niger et le Sénégal. Le film, censé ouvrir un débat et susciter l?intérêt des uns et des autres, montre la désolation et la consternation de toute une population suite à la disparition, en 1991, d'un fétiche dénommé Mamio, à Pobé Magao (un village situé au nord du Burkina). Cette disparition, qui avait entraîné la mobilisation des acteurs nationaux et internationaux de la culture, a trouvé une solution grâce au concours d'Interpol. Mamio sera retrouvé en Allemagne grâce à la vigilance du Pr Jean-Baptiste Kienthéga, archéologue à l'université de Ouagadougou, qui détenait une copie de la statuette. Il met également au grand jour de nombreuses disparitions à l'ouest et au centre du pays, tout comme à Boura au Niger. L?Afrique est connue pour être le lieu de nombreuses transactions de biens culturels et d?objets archéologiques d?une rareté inestimable. Ce fléau, à savoir, le trafic de la mémoire africaine, qui touche principalement l?Afrique noire, est une réelle menace au plan culturel pour tout le continent. Car se livrer à pareille pratique semble immanquablement mener à la déperdition d?une culture, d?une mémoire, celle de l?Afrique. Auteur de plusieurs documentaires, de longs et de courts métrages, N. J. Traoré a reçu plusieurs distinctions, notamment pour ses ?uvres Sababu (fiction) et L'autre école (court-métrage).