Résumé de la 15e partie n Se réveillant à tour de rôle, Kamaralzamân et Sett Boudour tombèrent immédiatement sous le charme l?un de l?autre. Lorsque fut la cent quatre-vingt-cinquième nuit, Schahrazade dit : mais comme Kamaralzamân, plus que jamais enfoncé dans le sommeil, continuait à ne point répondre, la belle Boudour s?imagina, un instant, que ce n'était là qu'une feinte de sa part pour lui donner plus de surprise ; et, moitié rieuse, elle lui dit : «Allons ! allons ! Serait-ce mon père qui t'aurait donné ces leçons de malice pour vaincre mon orgueil ? C'est peine inutile ! Car ta beauté, ô jeune daim svelte et charmant, à elle seule, a fait de moi la plus soumise de tes esclaves !» Mais comme Kamaralzamân restait toujours immobile, Sett Boudour, de plus en plus subjuguée, reprit : «Ô maître de la beauté, regarde ! Moi aussi je passe pour belle : autour de moi tout vit dans l'admiration de mes charmes froids et sereins. Toi seul as su allumer le désir dans le regard calme de Boudour ! Que ne te réveilles-tu, ô adorable garçon ! Que ne te réveilles-tu ! Dis ! Me voici ! Je me sens mourir !» Et la jeune fille tenta de réveiller l'adolescent, mais sans résultat. Et il arriva ce qui arriva, puis elle s'endormit en souriant. Tout cela ! Et, invisibles, les trois éfrits ne perdaient pas un geste ! Aussi, la chose ayant été consommée, Maïmouna fut à la limite de la jubilation et Dahnasch ne fit aucune difficulté pour convenir que Boudour avait été beaucoup plus loin dans les manifestations de son ardeur et lui faisait ainsi perdre la gageure. Mais Maïmouna, assurée maintenant de la victoire, fut magnanime et dit à Dahnasch : «Pour ce qui est de la gageure que tu me dois, je t'en fais grâce, ô maudit ! Et même je vais te donner le sauf-conduit qui désormais t'assurera toute tranquillité dans tes courses aériennes. Mais prends bien garde d'en abuser et ne manque jamais plus aux convenances !» Après quoi la jeune éfrita se tourna vers Kaschkasch et gentiment, lui dit : «Kaschkasch, je te remercie beaucoup pour ton conseil ! Je te nomme, en conséquence, chef de mes émissaires ; et je me charge de faire approuver ma décision par mon père Domriatt !» Puis elle ajouta : «Maintenant avancez tous les deux, et prenez cette jeune fille, transportez-la vite au palais de son père Ghaïour, maître d'El-Bouhour et d'El-Koussour ! Après les progrès si rapides qu'elle vient d'accomplir sous mes yeux, je lui donne mon amitié et désormais j'ai toute confiance dans son avenir ! Vous verrez qu'elle accomplira de belles choses !» Et les deux éfrits répondirent : «Incha Allah !» puis s'approchèrent du lit, prirent l'adolescente qu'ils chargèrent sur leurs épaules et s'envolèrent avec elle vers le palais du roi Ghaïour où ils ne tardèrent pas à arriver et la déposèrent délicatement sur son lit pour s'en aller ensuite chacun de son côté. Quant à Maïmouna, elle s'en retourna à son puits, après avoir déposé un baiser sur les yeux de son ami. Et voilà pour eux trois. Mais pour ce qui est de Kamaralzamân, il finit par se réveiller de son sommeil avec le cerveau encore hanté par son aventure de la nuit. Et il se tourna vers sa droite puis vers sa gauche, mais bien entendu sans trouver la jeune fille. Alors il se dit : «J'avais bien deviné que c'était mon père qui avait préparé tout cela pour m'éprouver et pour me pousser au mariage. J'ai donc bien fait d'attendre, pour lui demander, en bon fils, son consentement.» (à suivre...)