Résumé de la 31e partie n Kamaralzamân et Boudour se marièrent et la ville fut plongée dans les fêtes une semaine durant. Une nuit, Kamaralzamân vit son père en rêve, triste et le visage perlé de larmes. Alors, Kamaralzamân se réveilla en sursaut, réveilla son épouse, et se mit à pousser de grands soupirs. Et Sett Boudour, anxieuse, lui demanda : «Qu'as-tu, ô mon ?il ? Si tu as mal au ventre, je vais tout de suite te faire une décoction d'anis et de fenouil. Et si tu as mal à la tête, je vais te mettre sur le front des compresses de vinaigre. Et si tu as trop mangé hier au soir, je te mettrai sur l'estomac un pain chaud enveloppé dans une serviette et je te ferai boire un peu d'eau de rose mêlée à de l'eau de fleurs... A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et se tut discrètement. Lorsque fut la deux-cent sixième nuit, elle dit : «... Et je te ferai boire un peu d'eau de fleurs mêlée à de l'eau de rose !» Kamaralzamân répondit : «Il nous faut partir dès demain, ô Boudour, pour mon pays où le roi mon père est malade. Il vient de m'apparaître en songe et m'attend là-bas en pleurant !» Boudour répondit : «J'écoute et j'obéis !» Et bien qu'il fît encore nuit noire, elle se leva aussitôt et alla trouver son père, le roi Ghaïour, qui était dans son harem, et lui fit dire, par l'eunuque, qu'elle avait à lui parler. Le roi Ghaïour, en voyant apparaître la tête de l'eunuque à cette heure-là, fut stupéfait et dit à l'eunuque : «Qu'as-tu à m'annoncer de désastreux, ô visage de goudron !» L'eunuque répondit : «C'est la princesse Boudour qui désire te parler !» Il répondit : «Attends que je mette mon turban.» Après quoi, il sortit et demanda à Boudour : «Ma fille, quelle espèce de poivre as-tu donc avalée pour être à cette heure en mouvement ?» Elle répondit : «O mon père, je viens te demander la permission de partir dès l'aube pour le pays de Khaledân, royaume du père de mon époux Kamaralzamân !» Il dit : «Je ne m'y oppose nullement, pourvu que tu reviennes au bout d'un an.» Elle dit : «Certainement !» Et elle remercia son père de la permission en lui baisant la main et appela Kamaralzamân qui le remercia également. Dès le lendemain, à l'aube, les préparatifs étaient faits, les chevaux harnachés, et les dromadaires et les chameaux chargés. Alors, le roi Ghaïour fit ses adieux à sa fille Boudour et la recommanda beaucoup à son époux ; puis il leur fit cadeau de nombreux présents en or et en diamants, et les accompagna pendant un certain temps. Après quoi, il revint vers la ville, non sans leur avoir encore fait ses dernières recommandations en pleurant, puis les laissa continuer leur chemin. Alors Kamaralzamân et Sett Boudour, après les larmes des adieux, ne songèrent plus qu'à la joie de voir le roi Schahramân. Et ils voyagèrent de la sorte le premier jour, puis le second jour et le troisième jour, et ainsi de suite jusqu'au trentième jour, Ils arrivèrent alors à une prairie fort agréable qui les tenta si bien qu'ils y firent dresser le campement pour s'y reposer un jour ou deux. Et lorsque sa tente fut prête, dressée pour elle à l'ombre d'un palmier, Sett Boudour, fatiguée, y entra aussitôt, mangea et ne tarda pas à s'endormir. Lorsque Kamaralzamân eut fini de donner ses ordres et de faire dresser les autres tentes beaucoup plus loin, pour qu'ils puissent jouir, à eux deux, du silence et de la solitude, il pénétra à son tour dans la tente et vit sa jeune épouse endormie. Et cette vue lui rappela la première nuit miraculeuse passée avec elle dans la tour. (à suivre...)