Résumé de la 49e partie n Ligoté et bâillonné, Kamaralzamân fut pratiquement enlevé par les marins, sur ordre du capitaine du vaisseau qui mit le cap sur l?île d?Ebène. Sur ces entrefaites, le navire arriva à l'île d'Ebène heureusement ; et aussitôt, le capitaine débarqua et mena Kamaralzamân au palais et demanda à entrer chez le roi. Et immédiatement, comme il était attendu, il fut introduit dans la salle du trône. Or, Sett Boudour, pour ne point se trahir, et dans son intérêt à elle et à Kamaralzamân, avait combiné un plan fort sage, surtout pour une femme. Aussi lorsqu'elle eut regardé celui que le capitaine amenait, d'un seul coup d'?il elle reconnut son bien-aimé Kamaralzamân ; elle devint d'une pâleur extrême et jaune comme le safran. Et tous attribuèrent son changement de teint à sa colère au sujet de l'enfant. Elle le regarda longtemps sans pouvoir parler, alors que lui-même, sous son vieil habit de jardinier, était à la limite de la confusion et du tremblement. Et il était loin de se douter qu'il était en présence de celle pour laquelle il avait versé tant de pleurs et éprouvé tant de peines, de chagrins et de mauvais traitements. Sett Boudour, qui put enfin se maîtriser, se tourna vers le capitaine et lui dit : «Tu garderas pour toi, pour le prix de ta fidélité, l'argent que je t'avais donné pour les olives !» Le capitaine embrassa la terre et dit : «Et les autres vingt pots qui sont encore dans ma cale, de cette dernière fois ?» Boudour dit : «Si tu as encore vingt pots, hâte-toi de me les envoyer. Et tu recevras mille dinars d'or !» et elle le congédia. Puis elle se tourna vers Kamaralzamân, qui tenait les yeux baissés, et dit aux chambellans : «Prenez ce jeune homme et conduisez-le au hammam...» A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut. Mais lorsque fut la deux cent trentième nuit, elle dit : «Prenez ce jeune homme et conduisez-le au hammam ! Puis vous l'habillerez somptueusement et vous le ramènerez en ma présence demain matin, à la première heure du diwân !» Et cela fut exécuté à l'instant. Quant à Sett Boudour, elle alla retrouver son amie Haïat-Alnefous et lui dit : «Mon agneau, notre bien-aimé est de retour ! Par Allah ! J'ai combiné un plan admirable pour que notre reconnaissance ne soit pas un coup funeste à quelqu'un qui, de jardinier se verrait roi, sans transition. Et ce plan est tel que s'il était écrit avec les aiguilles sur le coin intérieur de l'?il, il servirait de leçon à ceux qui aiment à s'instruire.» Et Haïat-Alnefous fut si heureuse qu'elle se jeta dans les bras de Sett Boudour ; et toutes deux, cette nuit-là, commencèrent à être fort sages pour se préparer à recevoir en toute fraîcheur le bien-aimé de leur c?ur. Or, le matin, dans le diwân, on amena Kamaralzamân habillé somptueusement. Et le hammam avait rendu à son visage tout son éclat, et les vêtements légers, bien ajustés, mettaient en valeur sa taille si fine et sa croupe montagneuse. Aussi tous les émirs, les notables et les chambellans ne furent point surpris en entendant le roi dire au grand vizir : «Tu donneras à ce jeune homme cent esclaves pour le servir et tu lui fourniras des émoluments sur le trésor qui soient dignes du rang auquel je l'élève à l'instant !» Et elle le nomma vizir d'entre les vizirs, et lui donna un train de maison, et des chevaux et des mulets et des chameaux, sans compter les coffres pleins et les armoires. Puis elle se retira. (à suivre...)