Résumé de la 4e partie n Tout le monde est au courant du dernier mensonge de Omar : un chat à deux queues. Omar se rappelle de son grand-père, le jour de sa mort. Il était raide mais il souriait, ce qui a fait dire à son père qu?il était heureux. Peut-on donc être heureux dans la mort ? Il ne s?était pas posé la question, à l?époque, mais aujourd?hui qu?il souffre, il y pense. On lui a souvent dit que les menteurs vont en enfer quand ils meurent, mais aujourd?hui, il ne croit pas qu?on lui ait dit la vérité : pour une fois, c?est à lui de traiter les autres de menteurs ! Les menteurs ne vont pas en enfer quand ils meurent ; en tout cas, lui, personne ne le fera souffrir puisque dans la mort, il y a son grand-père qui l?aime? Omar va à l?école, il essuie les quolibets de ses camarades et, sans répondre, il se met à sa place, à la dernière place que l?instituteur lui a réservée depuis plusieurs semaines maintenant. Il ouvre son livre, fait semblant de lire le texte mais se perd dans une rêverie qui l?emmène loin de la classe? Il sursaute, retirant brusquement ses doigts, qu?une douleur brûlante vient de traverser. ? Je t?ai demandé de lire ! Comme il ne réagit pas à l?injonction, la règle s?abat de nouveau, sur sa tête, ses épaules et sur son dos? Une main d?acier le saisit par le col et le plaque dans un coin. ? Et surtout que je ne te vois pas bouger ! Il ne bougera pas de là, poursuivant la rêverie interrompue. A la sonnerie, le maître doit le secouer pour lui dire qu?il doit partir. Dehors, ses camarades l?assaillent mais il ne répond pas. Il marche comme un somnambule, regardant devant lui. On le pousse, on le pince, il ne réagit toujours pas. Brusquement, il quitte le trottoir et s?engage sur la chaussée. Une voiture passe en trombe et tente de freiner, mais sa vitesse est trop grande. Le choc est terrible. Il a le temps d?entendre quelqu?un dire «il s?est jeté sur la voiture» avant que la petite lueur de vie qui brillait en lui ne s?éteigne définitivement. La petite ville est en deuil, car chacun se sent un peu responsable de la mort du petit Omar. On parle d?accident, bien sûr, mais tout le monde sait que le petit s?est suicidé. On l?a bien vu quitter le trottoir et aller vers les voitures. On a vu aussi d?autres petits l?importuner. Toute sa classe est venue, ainsi que son maître et les autres maîtres de l?école. Il y a aussi les amis de la famille qui ont ri de lui quand son père l?a forcé à raconter son histoire. Et les enfants des amis de la famille qui ont divulgué son histoire. Et ses frères, et ses s?urs. Et son père et sa mère... Les uns pleurent, les autres, très émus, ne disent rien. Cérémonie rapide au cimetière. Son père, ses frères, les maîtres de l?école et les petits camarades jettent chacun une poignée de terre sur la tombe. Une sorte d?adieu, teinté de remords. Puis on récupère la civière qu?il faut rendre à la mosquée du bourg et le tapis vert dont on a recouvert le corps. On s?apprête à quitter le cimetière quand un petit camarade de Omar pousse un cri strident : ? Regardez ! Un énorme chat vient de surgir de derrière une tombe. Un chat complètement noir avec deux queues, noires également, mais avec, au bout, des touffes de poils blancs? ? Une anomalie génétique, commentera le maître.