Résumé de la 17e partie n Voulant absolument savoir où se trouvait la jeune fille qu?il avait vue au cours de la nuit, Kamaralzamâne tortura son ennuque qui, en réalité, n?en savait rien. Celui-ci courut de ce fait demander protection au roi. Et là-dessus se présenta l'eunuque dans l'état où il était et il tomba aux pieds du roi et s'écria : «Ô notre maître le sultan ! Le malheur est entré dans ta maison ! Mon maître Kamaralzamân vient de se réveiller complètement fou ! Et, pour te donner une preuve de sa folie, voici : il me fit telle et telle chose et me dit telle et telle chose ! Or, moi, par Allah, je n'ai vu entrer chez le prince ni jeune fille ni jeune garçon !» A ces paroles, le roi Schahramân ne douta plus de ses pressentiments et cria à son vizir : «Malédiction ! c'est ta faute, ô vizir des chiens ! C'est toi qui m'as suggéré cette idée calamiteuse d'enfermer mon fils, la flamme de mon c?ur ! Ah ! fils de chien, lève-toi et cours vite voir ce dont il s'agit, et reviens ici m'en rendre compte à l'instant !» Aussitôt le grand vizir sortit, accompagné de l'eunuque, et se dirigea vers la tour tout en demandant des détails, que l'esclave lui donna bien inquiétants. Aussi le vizir n'entra-t-il dans la chambre qu'après des précautions infinies, la tête d'abord et le corps ensuite, mais lentement. Et combien ne fut-il point surpris de voir Kamaralzamân tranquillement assis dans son lit et lisant avec attention le Coran !... A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et se tut discrètement. Le lendemain, elle dit : Le vizir s'approcha et, après le salam le plus respectueux, il s'assit par terre, près de son lit, et lui dit : «Dans quelle inquiétude ne nous a-t-il pas mis, cet eunuque de poix ! Imagine-toi qu?il est venu, bouleversé et dans un état de chien galeux, nous effrayer en nous racontant des choses qu'il serait indécent de répéter devant toi ! Il a troublé notre quiétude d'une telle façon que tu m'en vois encore ému !» Kamaralzamân dit : «En vérité, il n'a guère pu vous troubler autant qu'il m'a troublé tout à l'heure moi-même ! Mais, ô vizir de mon père, je serais bien aise de savoir ce qu'il a pu vous rapporter !» Le vizir répondit : «Qu'Allah préserve ta jeunesse ! Qu'Allah consolide ton entendement ! Qu'il éloigne de toi les actions sans mesure et garde ta langue des paroles sans sel ! Cet eunuque prétend que tu es devenu subitement fou, que tu lui as parlé d'une adolescente qui aurait passé la nuit avec toi et qui t'aurait ensuite été ravie et autres insanités semblables, et que tu as fini par le rouer de coups et le jeter dans le puits ! Ô Kamaralzamân, mon maître, quelle imprudence, n?est-ce pas, de la part de ce nègre pourri !» A ces paroles, Kamaralzamân sourit d'un air entendu et dit au vizir : «Par Allah ! As-tu fini cette plaisanterie, ou bien veux-tu également sentir si l'eau du puits peut servir au hammam ? Je te préviens que si tout de suite tu ne me dis pas ce que mon père et toi avez fait de mon amoureuse, la jeune fille aux beaux yeux noirs, aux joues fraîches et roses, tu me payeras ta ruse plus cher que l'eunuque !» Alors le vizir, saisi de nouveau par une inquiétude sans limite, se leva à reculons et dit : «Le nom d'Allah sur toi et autour de toi ! Ya Kamaralzamân, pourquoi parles-tu de la sorte ? Si c'est un rêve que tu as fait, par suite de mauvaise digestion, de grâce, hâte-toi de le dissiper ! Ya Kamaralzamân, vraiment, ce ne sont pas là des propos raisonnables !» A ces paroles, le jeune homme s'écria : «Pour te prouver, ô cheikh de malédiction, que ce n'est point avec mon oreille que j'ai vu la jeune fille, mais avec cet ?il-ci et cet ?il-là, attrape ça !» Et il lui asséna un coup de tête dans le ventre qui l'allongea sur le sol, pu¦s il lui saisit la barbe (elle était fort longue) et se l'enroula autour du poignet, et certain que de la sorte il ne lui échapperait pas, il tomba dessus à coups redoublés aussi longtemps que ses forces le lui permirent. (à suivre...)