Résumé de la 18e partie n Après l?eunuque, c?est au tour du vizir du roi d?être roué de coups par Kamaralzamân, qui veut lui arracher des informations sur Boudour. Le malheureux grand vizir, voyant que sa barbe s'en allait poil à poil et que son âme était également sur le point de lui dire adieu, il se dit en lui-même : «Il me faut maintenant mentir ! C'est le seul moyen de me tirer des mains de ce jeune fou !» Il lui dit donc : «O mon maître, je te demande bien pardon de t'avoir trompé. Mais la faute en est à ton père qui m'a, en effet, recommandé, sous peine de pendaison immédiate, de ne point te révéler encore le lieu où l'on a mis la jeune fille en question. Mais si tu veux bien me lâcher, je vais courir prier le roi ton père de te retirer de cette tour ; et je lui ferai part de ton désir de te marier avec cette jeune fille, ce qui le réjouira» A ces paroles, Kamaralzamân le lâcha et lui dit : «Dans ce cas, cours vite aviser mon père, et reviens m'apporter immédiatement la réponse !» Lorsque le vizir se sentit libre, il se précipita hors de la chambre en prenant soin de refermer la porte à double tour, et courut, hors de lui et les habits déchirés, vers la salle du trône. Le roi Schahramân vit son vizir dans cet état lamentable et lui dit : «Je te vois bien piteux et sans turban ! Et tu m'as l'air bien mortifié ! Quelque chose de fâcheux a dû t'arriver, ça se voit !» Le vizir répondit : «Ce qui m'arrive est moins fâcheux que ce dont est atteint ton fils, ô roi !» Il demanda : «Mais quoi donc alors ?» Il dit : «Il est fou absolument, la chose est claire !» A ces paroles, le roi vit la lumière se changer en ténèbres devant son visage et dit : «Qu'Allah m'assiste ! Dis-moi vite les caractères de la folie dont est atteint mon enfant !» Et le vizir répondit : «J'écoute et j'obéis !» Et il narra au roi tous les détails de la scène, y compris la manière dont il avait pu échapper aux mains de Kamaralzamân. Alors le roi entra dans une grande colère et s'écria : «O le plus calamiteux d'entre les vizirs, cette nouvelle que tu m'annonces vaut ta tête ! Par Allah ! Si vraiment tel est l'état de mon enfant, je te ferai crucifier sur le plus haut minaret pour t'apprendre à me donner des conseils aussi détestables que ceux qui ont été la cause première de ce malheur !» Et il s'élança vers la tour et, suivi du vizir, pénétra dans la chambre de Kamaralzamân. Lorsque Kamaralzamân vit entrer son père, il se leva vivement en son honneur, sauta à bas du lit et se tint respectueusement debout devant lui, les bras croisés, après lui avoir, en bon fils, baisé la main. Et le roi, heureux de voir son fils si paisible, lui jeta tendrement les bras autour du cou et l'embrassa entre les deux yeux en pleurant de joie. Après quoi il le fit s'asseoir à côté de lui sur le lit, puis se tourna, indigné, du côté du vizir et lui dit : «Tu vois bien que tu es le dernier des derniers d'entre les vizirs ! Comment as-tu osé venir me raconter que mon fils Kamaralzamân était comme ça et comme ça, et me jeter l'épouvante au c?ur et me réduire en miettes le foie !» Puis il ajouta : «D'ailleurs, tu vas entendre de tes propres oreilles les réponses pleines de bon sens que va me faire mon fils bien-aimé !» Il regarda alors paternellement le jeune homme et lui demanda : «Kamaralzamân, sais-tu quel jour nous sommes aujourd'hui ?» Il répondit : «Certainement ! C'est samedi !» Le roi jeta un regard plein de colère et de triomphe à son vizir atterré et lui dit : «Tu entends bien, n'est-ce pas ?» Puis il continua : «Et demain, Kamaralzamân, quel jour serons-nous ? Le sais-tu ?» Il répondit : «Certainement !...» A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut. (à suivre...)